On le sentait mal ce nouveau projet de Casablancas. Un carton incompréhensible sur un titre avec Daft Punk l’an passé, un dernier The Strokes sacrément médiocre, l’ardoise commence à se noircir du côté de l’insolent New-Yorkais. Les premiers extraits de cette nouvelle entreprise laissaient paraître des morceaux compliqués sans raison et une production volontairement crado histoire de repousser les pauvres âmes en peines qui auraient bien voulu s’y aventurer.
Voilà donc l’album complet, plus d’une heure de son prête à être désosser et digérer rapido avant de cracher une chronique acerbe avec pour constat simple et attendu : Julian, arrête de partir en couilles, bois donc un peu d’eau minérale et lave-toi les cheveux.
Pourtant rien de tout ça ! ‘Human Sadness‘ fait bien sûr partie du voyage et demeurent toujours aussi irritante mais de belles surprises et compos se cachent sous la crasse sans que nous ayons trop à gratter. ‘Take Me To Your Army‘ met en appétit et intrigue, ‘Crunch Punch‘ et ses saturations familières réussit à taper juste malgré des sorties de routes périlleuses mais maîtrisées. Il s’en passe des choses en 12 morceaux : du punk-rock speed, des claviers menaçants sortis de films d’horreurs des eighties, une batterie militaire, … Ces éléments garnissent des titres à tiroirs et à rallonge, souvent pour le meilleur (‘Dare I Care‘, ‘M.utually A.ssured D.estruction‘)mais aussi pour le pire (‘Johan Von Bronx‘ , ‘Business Dog‘ ). Au milieu, ce qui peut se rapprocher d’un single ‘Where No Eagles Fly‘ et son chant à mi-chemin entre Iggy Pop et Marilyn Manson enchante autant par ses couplets qu’il ne déçoit par son refrain. Résumé de toutes ses expérimentations, la cintrée ‘Father Electricity‘ où Casablancas s’amuse à singer les guitares en fredonnant, où les percus sont exotiques, où on passe de la balade ensoleillée au beat tribal en une demie-seconde. Un joyeux bordel, cacophonique certes, réjouissant dans lequel il faudra faire son marché et zapper.
[url=https://www.visual-music.org/chronique-1591.htm]Comme on le disait déjà à l’écoute de[url] Comedown Machine, ce cher Julian n’a absolument rien à foutre de votre opinion et peut produire exactement ce qu’il l’entend sans que personne ne fasse le tri derrière. A la place d’un crash-test en règle, l’une des petites surprises de l’année se cache derrière cette Tyranny, titre-aveu assez honnête d’un mec qui n’a pas fini d’en faire qu’à sa tête. L’autre aspect bénéfique de cet album sera peut-être d’insuffler de la créativité chez les Strokes, déjà de retour en studio l’année prochaine mais rien n’est moins sûr.