Un break revendiqué, des side-projects pour sa tête pensante et des titres dévoilés il y a déjà un an. Les 3 ans de gestation de Seeds n’ont pas du paraître si longs pour TV on the Radio. Nine Type of Lights avait marqué un vrai coup d’arrêt dans la discographie du groupe avec des morceaux trop mélos, quelques redites et une tendance générale à la molesse loin du son envoûtant qu’ils ont toujours su créer.
Si le précédent disque tournait en rond, Seeds s’autorise à élargir le spectre musical par bribes : guitares sixties, chant en français, beats syncopés synthétisés, chanson quasiment instrumentale. L’envie de ne pas se répéter est palpable. Pourtant les nouvelles idées, pas toujours heureuses dans leur intégration, ont tendance à s’accumuler aux défauts déjà déplorés en 2010 pour un résultat mitigé.
Le songwriting de Tunde Adebimpe est lui aussi à mettre sur le cahier des doléances. Toujours centré sur les relations amoureuses et une abondance quasi pathologique de ‘Me’, You’, ‘Heart’ et ‘Allright’, il donne l’impression parfois de chanter le bottin. Aussi, les ressemblances avec d’autres groupes sont assez fréquentes : la mitigée ‘Love Stained’ à la Temper Trap, l’hybride ‘Test Pilot ‘ entre Bloc Party et les Smashing Pumpkins ou encore ‘Winter‘ aux relents de Lenny Kravitz… Un bouillon de culture difficile à gérer et inattendu pour des artistes au son si atypique.
Enfin, le passage obligé, la balade sole pleureur qu’ils ont la mauvaise habitude de nous servir depuis 3 albums : ‘Ride‘. La différence viendra du fait qu’elle est quasiment instrumentale et construite en deux temps pour tromper l’ennemi. Une montée up-tempo follement ringarde sauverait presque sa présence… On prévoit déjà son omniprésence dans les playlists de concerts.
‘Trouble‘ ou ‘Lazerray‘ sont plus ou moins déjà entendues, des visions assez bourrides ou simplettes de la pop song pliée en 3 minutes et des, comme peut l’être également ‘Happy Idiot‘. Ça passe vaguement entre nos oreilles pour en ressortir aussi vite. Typique du morceau qu’on les penserait capable de composer une main dans le dos. Un mode automatique enclenché agréable mais pas mémorable.
Ce cinquième album de TvoTr n’est pas mauvais, il est même sûrement plus recherché musicalement et qualitatif comparativement à ceux dont ils semblent aujourd’hui vouloir se rapprocher. Malgré tout, on a du mal à ne pas y voir le franc déclin d’un des groupes les plus intéressants de la sphère indie US s’orienter clairement vers une pop chiadée mais chiante. Quitte à y perdre quasiment tout ce qui faisait sa différence. Bien sûr, on y décèle encore quelques graines masquées par un emballage surchargée en choeurs et en couches de synthés. Drôle de choix de la part de David Sitek de vouloir simplifier les compositions pour alourdir la production. Un cache misère.
A force d’essayer de varier les plaisirs, on se retrouve avec une série de morceaux assez homogène mais qui n’amène en rien la valeur ajoutée que TV on The Radio était en mesure d’apporter dans le passé.
Une vraie déception. Où est passé 2008 ?