Soyons clairs, en tant que rédacteurs, nous avons la chance de recevoir régulièrement des CDs de la part de certains labels et même si chaque envoi peut cacher une belle petite surprise, il est un label qui, je l’avoue, me pousse souvent à y porter une attention toute particulière. Une fois de plus, Pias (pour ne pas les citer) a donc su m’envoyer la petite galette qui va bien (enfin, les liens MP3s) pour découvrir un petit trio US du nom de Purple. Et je préfère préciser mais non, il ne s’agit pas d’une chronique sponsorisée ! Le communiste ne se vend pas, il se soudoie uniquement. En putes et coke pour rappel.
Bon, plus sérieusement, quand je parle de trio. J’ai plutôt envie de dire duo + 1, car mine de rien, le groupe s’est déjà séparé d’un batteur et d’un bassiste ! La formation tourne néanmoins autour des chants rageurs et la batterie survoltée d’Hannah Brewer (qui a délaissé la basse pour les percussions) et Taylor Busby au chant (aussi) mais surtout à la gratte. La formation en provenance directe du Texas (le titre de l’album reprenant leur code postal) se pose dans cette frange de groupes qui assument leur côté immédiat, sans prise de tête (« les gens aimeront notre musique car c’est super fun »). Ici, pas de recherche métaphysico-musicale ou de message politique mais plutôt une collection de 10 titres à vitesse supersonique. Un rock frénétique dont la section rythmique est pimentée d’un chant quasi punk assuré alternativement par Hannah et Taylor (« Wallflower » et « Double Nickels » en ouverture par exemple).
L’un des premiers titres qui m’ait interpelé du groupe a été « Leche Loco » avec son phrasé syncopé en ouverture, ses riffs ultra tendus, le chant agressif d’Hannah et une section musicale versant quasiment dans le grunge, entre riffs/solo de guitare destructurés et une section basse/batterie ultra lourde. Un habile mélange auquel il est difficile de ne pas succomber tant le tout semble dicté par l’efficacité et la recherche du petit riff qui tue, même quand la batteuse vient poser ses choeurs en mode langoureux de façon quasi ironique). D’un point de vue général, ce titre résume un peu à lui seul la débauche d’énergie continue (ou presque) dont le groupe va nous gratifier.
Avec 33 minutes au compteur pour 10 titres, on aura compris que le trio nous livre un album sans véritable fioriture, une sorte de pavé lancé dans la vitrine de l’establishment rock, d’une jeunesse insouciante dictée par son envie de vivre chaque instant à 100 à l’heure. En témoignent le sprint rageur de « Thirteen » sur 1mn 40s, « Target » et ses entêtants choeurs furieux, la punkitude de « Liquor ». N’en jetez plus, je suis conquis. Le groupe conclut même ce premier disque sur « DMT », 6mn de compo urgentissime reposant sur les (apparentes seulement) frêles épaules d’une frontwoman volcanique et peu avare dans sa débauche d’énergie. Prouvant au passage que le groupe sait très bien sortir de son carcan de compos bouclées en 3mn chrono.
Seuls 2 titres se démarquent de cette furie musicale, si on apprend que le groupe, une fois signé, a dû retirer 5 titres de son premier disque, on leur a néanmoins demandé d’en réenregistrer 3 et on se demande « Beach Buddy » ne fait pas partie de cette demande. J’avoue que cela m’a rappelé un autre trio, The Subways, en raison du refrain plus classique, ce duo vocal Hannah/Taylor rappellera aisément ceux de Billy et Charlotte. Pas étonnant donc que les deux entités musicales aient récemment tourné ensemble en Angleterre. Néanmoins, ce titre constitue peut-être pour moi, le petit point faible de la tracklist car plus passe-partout. Autre titre plus mélodique, « New Born » (rien à voir avec Muse) plus mid-tempo et faisant la part belle à la voix d’Hannah qui prouve qu’elle est aussi capable d’assurer aussi dans un registre moins punk et plus mélodique mais toujours soutenue par les riffs acérés de Taylor. Pas déplaisant et même assez intéressant grâce à une partie mélodique plus prononcée.
Au final, ce premier disque que j’avais écouté distraitement a eu un impact quasi-immédiat me concernant. À l’heure où le web semble parfois noyer la musique elle-même de par sa profusion, « (409) » m’a véritablement enthousiasmé par son aspect instantané même si j’ai bien conscience que le trio ne réinvente rien mais ce qu’il fait, il le fait bien. J’avoue donc ne pas bouder mon plaisir à l’idée qu’un second disque soit d’ores et déjà dans les tuyaux. Un album qu’Hannah annonce déjà varié ; entre rock, beat dansant et un peu de rap « mais pas en mode gangsta, plus comme les Red Hot Chili Peppers ou Rage Against The Machine ». De belles références si cela penche du côté fusion de ces groupes, une fusion qui semble à portée de main de Purple tant ils nous font ici une belle petite démonstration de leur capacité à mixer, garage, rock et punk sur une enthousiasmante première galette.