Dès le premier essai, METZ avait secoué son monde en 2012 et rallié plus d’une tête à sa cause. 3 ans plus tard, le savamment nommé II pointe le bout de son nez et il n’est pas content.
Si on devait résumer II par une métaphore, ce serait au final assez simple. Le premier album voulait vous foutre un coup de pied dans la gueule ? Cette suite vous attrape à la gorge et ne vous lâche plus jusqu’à votre dernier souffle. Le trio s’est réfugié dans un son très hardcore, violent au possible où les respirations sont rares voire inexistantes. Ca ne chante pas, ça braille. Les riffs de guitares crissent, semblent désarticulés et la batterie est martyrisée sans relâche. Le mix laisse d’ailleurs une belle place de choix aux percussions sèches, lourdes, martiales appuyées d’Hayden Menzies. L’apogée de la brutalité est sûrement atteint sur ‘Nervous System‘ où un bordel sans nom semble régner. Pour vous donner une idée générale, le morceau le plus apaisé est de loin leur premier single ‘Acetate‘. Pourtant pas un modèle de berceuse. Tous les morceaux tournent d’ailleurs autour de thèmes aussi réconfortants que l’enfermement, la solitude et la complexité de s’intégrer à la société.
Pour les avoir vus 3 fois sur une tournée de plus de 400 concerts, METZ s’approche du rendu de ses lives avec cet enregistrement. A l’image de ‘Kicking a Can of Worms‘ qui achève le disque dans un gros larsen où on imagine très bien le groupe en train d’essayer de péter ses instrus. Ils déclarent en interview avoir fait le disque pour eux, n’avoir cédé à aucune concession sur leur musique sans pression de la part de Sub Pop pour sortir des ‘Get Off‘ bis. Et on les croit à l’écoute d’un résultat aussi agressif et auto-produit malgré de nombreuses propositions de noms ronflants. Ils voulaient un album plus bordélique, ils ne sont pas perdus en chemin. Ce que dégage II est assez poisseux, torturé, déplaisant. Bref, menaçant.
Sur un format similaire au précédent et sur une demie-heure encore plus compacte, l’album aura ses adeptes. Plus jeune, j’aurais sûrement fait saigner mes oreilles, celles de mes voisins et mes murs au son de II. Même si les années passent et je ne crois pas être trop vieux pour ces conneries. Là où le précédent invoquait plus l’esprit d’un Bleach, II se rapproche ici crescendo d’un In Utero pour continuer l’analogie avec Nirvana. Le trio a annoncé maintes fois avoir trouvé son premier album trop propre et voulait donc se permettre plus de débordement, quitte à ce que tout ne soit pas nickel. Peut-être qu’au delà de la rage se cache aussi un manque de variété dans les compos donnant l’impression d’avoir affaire à un gros bloc compact et vénère où les morceaux sont difficiles à distinguer. A s’y pencher, le disque n’est pourtant pas qu’un bête exercice de bûcheron et révèle de beaux casse-têtes en termes de structure même s’il faudra creuser sous les cris et le déluge sonore. Les stops ou encore de ‘Spit You Out‘, les hurlements de ‘Wait In Line‘ , les guitares triturées d »Eyes Peeled‘ et l’angoisse de ‘Kicking a Can of Worms‘.
Les 3 copains nous avaient confiés à la Route du Rock l’an passé qu’ils avaient passé du temps à tester leurs morceaux sur scène et que le travail en studio avait été prolifique. De nouveaux titres antérieurs à celui-ci ont déjà été enregistrés. A l’heure actuelle, il y a 2 manières de considérer ce second album. Le prendre comme une orgie bourrine un peu trop bas du front ou comme un exploit à part entière pour avoir rendu son prédécesseur calme en comparaison. Encore sous le choc après plus d’un mois d’écoute, on se situe entre les 2 : ça doit être bon signe. Devant autant de fureur, il a fallu un peu de temps pour encaisser les coups, les parer pour mieux les apprécier ensuite.
C’est votre tour maintenant.
[url=https://www.visual-music.org/interview-187.htm]Notre interview de METZ à la Route du Rock, avec en bonus une anecdote croustillante de votre serviteur.[url]