Aussi étonnant que cela puisse paraître, les Dead Weather sont muets depuis 5 ans. Après avoir balancé deux albums en pleine gueule en 1 an, tous les membres du groupe ont été assez occupés pour avoir une excuse à invoquer. D’ailleurs, la signature d’absence est à moitié désactivée puisque si album il y a, tournée il n’y aura (normalement) pas. Dodge And Burn s’est déjà dévoilé par de nombreux extraits. Est-ce qu’il n’aurait pas déjà tiré ses meilleures cartouches ?
Indéniablement, ‘I Feel Love (Every Million Miles)‘ est une ogive. L’exemple type de ce que ce side project peut offrir de meilleur. Allison Mosshart éructe, le groupe fonce même dans les virages et Jack White l’ouvre peu. ‘Let Me through‘ est plus ‘calme’, mais issu du même barillet avec un refrain martelé plus heavy. ‘Lose The Right‘ semble sorti du premier disque et tire de fait à blanc.
En milieu de disque, les chants à deux voix se dédoublent pour multiplier l’intensité. Malgré tout, ce procédé n’a pas réinventer la poudre chez les Dead Weather. ‘Rough Detective‘, ‘Open Up‘, ‘Be Still‘ ne changent pas grand-chose dans les faits, même si les deux dernières sont plus aboutie dans leurs démonstrations de violence. Encore une fois très proche de ce qui était fait dans les précédents disques.
Jack White revêt son meilleur costume de sosie vocal d’Eminem avec ‘Three Dollar Hat‘. Le White chanteur dans Dead Weather me fatigue, toujours gouailleur à en faire des caisses, à feindre des éclats de rire et souvent à se complaire dans une hystérie usante. Le squelette schizo de la chanson en fait le morceau le plus destructuré de la tracklist et aussi celui qu’on dégage vite.
L’inattendue de cette galette, c’est ‘Impossible Winner‘. Piste quasiment faite pour un James Bond avec son piano dramatique et omniprésent, elle donne toute la place à sa chanteuse transformée ici en diva. La preuve, s’il fallait le démontrer, que son chant gagne en qualité lorsqu’elle prend son temps et non uniquement lorsqu’elle hurle des salves à en cracher du feu. Si Dodge and Burn s’ouvrait efficacement, il s’achève parfaitement avec cette dernière piste en nous sortant une carte que l’on n’avait pas anticipé.
6 ans après leur apparition, les Dead Weather n’ont pas oublié leur signature. Un rock burné, aux guitares incisives, aux claviers distordues et aux mécaniques rodées. Un son m’as tu vu, bourrin, diablement efficace. Du genre à tourner en boucle une vingtaine de fois par an, en se faisant mal aux cervicales et en tapant du pied. C’est tout ce qu’on leur demande. En attendant le prochain. A l’heure actuelle, les groupes ‘défouloirs’ comme celui-ci sont rares et héritent d’un statut à part à cause de la renommée de leurs membres. Tant que les morceaux font le taf, on n’ira pas s’en plaindre.