Ils sont déjà beaucoup à se disputer le haut du podium sur la scène death/black française. Parmi cette myriade de groupes, il y a Destinity, ces six Lyonnais qui, s’ils ne paient pas de mine, assurent tout de même dans leur domaine depuis déjà 10 ans. Et leurs efforts semblent payer puisqu’après deux premiers albums plutôt bien reçus par la critique, si ce n’est même acclamés, les voici de retour avec leur troisième rejeton, ‘In Excelsis Dementia‘. Et même s’il ne s’est passé qu’une courte année entre celui-ci et son prédécesseur, le groupe a eu le temps d’en faire des choses, comme entre autres des premières parties plutôt prestigieuses (Cradle Of Filth(, (Your Shapeless Beauty(…) mais aussi une tournée dans l’hexagone aux côtés de nombreux compagnons de label. Alors leur son a-t-il continué à dériver sur la voie brutale aux accents grind sur laquelle il avait commencé à s’engager dans ‘Under The Smell Of Chaos‘ ? Se calquent-ils toujours sur les piliers du genre ou ont-ils trouvé leur personnalité ? Bref, le temps de l’âge mur est-il venu ? Trop de question inutiles ? Verdict…
S’il fallait reconnaître à Destinity une seule qualité qui leur est spécifique, celle-ci serait sûrement leur choix de chanter dans la langue de Molière, du moins dans la majorité des titres. En effet, le fait est assez rare dans ce genre musical pour être souligné. Malheureusement, si du côté lyrics on est plutôt comblé, instrumentalement parlant, c’est beaucoup moins réjouissant. Première chose qui frappe, dès les premières secondes du titre d’ouverture : le son de la batterie. Si leur dernier opus avait bénéficié d’une production à toute épreuve (merci au Kohlekeller Studio), il n’en va plus de même pour celui-ci. Que les fans de Krisiun se réjouissent puisque la batterie, donc, sonne complètement électronique, sèche au possible. Ce son de grosse caisse étouffé (la double étant naturellement omniprésente) donne l’impression d’être en présence d’un remake d »Ageless Venomous‘ (même si la performance est loin d’être aussi impressionnante). Ensuite, second mauvais point, même si les mélodies sont pour la plupart tout de même plutôt originales, pleines de dissonances aux leads, alternant avec des passages alliant voix claire et claviers, le tout ne peut que rappeler les classiques du genre. Certains diront que tout a déjà été fait…il suffit d’écouter des groupes comme Benighted pour se persuader du contraire.
Mais le tout n’est tout de même pas dépourvu de mauvaises idées : les styles de chant par exemple sont d’une variété impressionnante, passant des classiques ‘Barry White vomissant’ et ‘gobelin castré épileptique’ à des chants clairs, particulièrement justes (‘After The Grace Of Kaos Synopsis‘), ou encore à des passages parlés (‘Forceps Of Hate‘), murmurés ou même un chant polyphonique a effets fuzz-echo-psychédéliques plutôt amusant, tout cela étant sûrement du au fait que 3 des 6 membres ‘chantent’, et même assez souvent simultanément. Ça en rebutera certains, puisqu’il est clair que 3 personnes hurlant en même temps, ça peut sonner quelque peu bordélique au premier abord. Morteüs, s’occupant des ‘dark atmospheres’ comme il appelle ça, autrement dit du sampling, fait plutôt bien son boulot puisque les choeurs ponctuent la plupart du temps bien les titres, sur les refrains ou les ponts, petit temps de répit avant que le monstre ne se déchaîne à nouveau. On notera même la présence d’instruments à cordes (‘Pleasures Of Flesh‘) qui viennent assombrir encore le tout. Enfin les guitares, au nombre de 3 également (deux leads, une rythmique), si elles sont plutôt effacées, savent se faire entendre au moment propice comme dans l’intro détonante de ‘Until Death Desire‘, ne polluant pas chaque titre d’innombrables solos inutiles comme il en est d’habitude dès qu’il s’agit de black.
S’il n’est pas exceptionnel, ‘In Excelsis Dementia‘ reste un bon album. Le plus gros problème reste sûrement le fait que la production n’est pas adaptée au son du groupe. C’est comme si le producteur d’Hélène Ségara avait produit un Machine Head : le son black classique utilisé ici ne convient plus à cette musique brutale et puissante qui a besoin de beaucoup plus d’ampleur. Néanmoins, on ne s’ennuie pas une seconde et c’est le principal.