Mais qu’est ce qu’on avait bien pu rigoler avec le premier volume de ‘God Blesse‘ : des chansons débordantes de niaiserie à s’y noyer, des mélodies simplettes, un anglais hilarant, un chant forcé énervant, des textes facilement engagés… Et on se demandait où était passé le ‘jeune espoir du rock français‘ qui avait sorti le surprenant ‘Jours Etranges‘. Pas de bol, c’est pas avec ‘Debbie‘ qu’on le trouvera, peut-être au prochain.
Mais Damien Saez est tout simplement prévisible : malgré toute la bonne foi qu’on peut y mettre, on se doute qu’il y aura toujours ce truc agaçant dans son chant et on aura toujours ce rictus au coin des lèvres, ne serait-ce qu’en lisant le titre de l’album ‘Debbie‘. On est en proie à quelques convulsions, on s’apprête à se tordre de rire en croyant avoir affaire, encore une fois, à une sorte d »Amour Gloire & Beauté‘ musical, façon journal d’ados en mal d’être. Et heureusement, ce cap est passé. Damien a mûri. Certes, le fond reste le même, mais la forme se veut plus métaphorique et surtout, tout simplement mieux écrite. Car un des talents indéniables de Saez, ce sont ses textes. La MORT, le SEXE, la VIE, le MONDE. Le tout, avec plein de lettres en majuscules. Et quand le tout est enrobé d’une musique plus rock, forcémment, ça passe mieux. D’autant plus que les chansons s’enchaînent, où se suivent tubes potentiels (‘Debbie‘ où les cuivres font leur apparition, l’énergique ‘Marie Ou Marilyn‘ remarquablement construite en deux grandes étapes, ‘Autour de Moi Les Fous‘) et autres pistes où l’ambiance, largement plus noire et oppréssante à l’image de la pochette, est de mise (‘Marta‘, la sombre ‘Comme Une Ombre‘). Mais si les titres se veulent plus agréablement rock, c’est peut-être grâce à la participation de Teo Miller qui a déjà produit Placebo. Ou alors parce qu’ils rappellent beaucoup certaines de ces grandes figures du genre français; Noir Désir en tête de liste (voire la Mano Negra sur ‘Marie Ou Marilyn‘… carrément). Et cette légère sensation de ‘déjà-entendu‘ subsiste malgré tout. Et on se dit qu’au final, c’est pas plus mal.
Damien Saez signe ici le second album qu’il aurait dû enregistrer, où son chant se veut moins poussif, plus adroit. On dit presqu’au revoir aux lourdingues montées vers les aigues. Et on le remercie de sauver nos oreilles. Et on le remercie aussi quand même, parce qu’au final, cet album est bien, oui.