Non, le métal Brésilien ce n’est pas que Max Cavalera. Et même si ce monstre du rock semble un peu en perte de vitesse avec Soulfly depuis quelques temps, le pays de la samba, des carnavals et surtout des implants fessiers en silicone a encore beaucoup d’autres ressources. Prenez Krisiun par exemple : presque un monument du death à lui tout seul avec ses 12 années d’existence, ses 6 albums tous meilleurs les uns que les autres, dont le magnifique ‘Black Force Domain‘ qui fêtera bientôt ses 10 ans, sur lequel figurent toujours des chef-d’oeuvres classiques du genre tels que ‘Messiah Of The Double Cross‘ ou ‘Evil Mastermind‘ (dont l’utilisation de la double-pédale à outrance a fait école depuis). Alors après avoir sorti l’excellent ‘Works Of Carnage‘ unanimement salué parla critique l’année dernière, le trio se devait bien de prendre une petite pause dans sa carrière en sortant ce ‘Bloodshed‘, mi-album mi-compilation de rareté, puisqu’il s’agit en fait de 8 nouveaux titres (quand même !) plus la réédition de 4 des 8 titres (et malheureusement pas les meilleurs) qui figuraient sur leur premier (mini) album, ‘Unmerciful Order‘.
Mais quand la nouvelle de la sortie imminente d’un album est tombée il y a peu de temps sans qu’aucune annonce d’entrée du groupe en studio ait été diffusée, les nombreux fans ont craint le pire. On aurait pu s’attendre à tout : des chutes du précédent opus même pas mixées comme on en voit si souvent, des lives de mauvaise qualité ou encore des démos super-trop-inédites-impossible-à-trouver mais que tu trouves quand même partout. Mais pour ce ‘Bloodshed‘, on est obligé de tirer son chapeau à Century Media qui a su trouver le juste milieu entre la nouveauté et le réchauffé en donnant carte blanche au groupe pour y inclure assez de titres 100% nouveaux pour faire passer la pillule des rééditions qui sont tout de même en minorité.
Alors plus en détails, on commence par ‘Slain Fate‘, qui ne fait pas dans la subtilité avec en tout 3 riffs et un solo, un refrain qui tient en deux mots (je laisserais aux plus intelligents le loisir de deviner quels pourraient-ils bien être…) et cette double toujours aussi écrasante mais qui se marie merveilleusement bien avec une guitare décidément bien pourvue en graves. Et c’est là qu’on est en droit de confirmer que non, ces titres ne sont vraiment pas des chutes de ‘Ageless Venomous‘ : adieu ce son un peu trop sec et minimaliste et bonjour la profondeur d’une basse qu’on entend enfin au même niveau que tous les autres instruments. Les structures sont donc plutôt simples mais c’est tellement bien tourné, fourni en mid-tempos, en breaks et compagnie qu’on ne peut que se laisser porter par ces 6 titres, plus l’outro et un instrumental qui n’est, pour ce dernier, malheureusement pas à la hauteur du divin ‘Diableros‘ de l’opus précédent sur lequel explosait toute la fougue latine et le talent de guitariste de Moyses.
Pour ce qui est maintenant des 4 titres issus de ‘Unmerciful Order‘, il n’y a pas vraiment grand chose à dire, si ce n’est qu’ils raviront ceux qui ne les connaissaient pas encore tout en leur donnant une idée de la façon dont le groupe a évolué de leur premier à leur dernier album et donneront à ceux qui les passent déjà en boucle l’occasion de…les passer en boucle encore un peu plus (?). Leur choix reste tout de même criticable, car même s’ils s’inscrivent peut-être un peu mieux dans la continuité du reste de cet album, on regrettera les excellents ‘Rises From Black‘ ou encore ‘Meaning Of Terror‘.
Globalement, ‘Bloodshed‘ est donc plus qu’une simple pièce de collection avec ses nombreux vrais inédits et le fait de le proposer à un prix réduit rend l’entreprise d’autant plus louable. Le groupe sait donc ce que veut son public après toutes ces années et même si on ne trouve pas ici les équivalents de perles comme ‘Murderer‘ ou ‘Saviour’s Blood‘, la rage de ‘Hateful Nature‘ ou les riffs chaotiques de ‘Ominous‘ sont bien la preuve qu’ils n’ont pas été composés à la va-vite sur un coin de table. Et puis après tout, un Krisiun, ça se refuse pas…