Quand on entend le nom Spawn, on (ou du moins les amateurs de comics) a plutôt tendance à penser au personnage si charismatique crée par le génial Todd MacFarlane, machine à tuer revenue des profondeurs des enfers, etc… Alors voir ce nom sur la pochette d’un album passerait presque pour un sacrilège, une usurpation sans nom qui mériterait bien un châtiment tout aussi indicible. ‘Il ne peut y avoir qu’un Spawn…’ murmurais-je donc en offrant un ultime sacrifice de sang à l’énorme statue en résine à l’éffigie de l’ange meurtrier qui siège sur mon bureau depuis toutes ces années avant de me décider à brûler cet album sans pitié aucune. Et puis dans un dernier élan de lucidité, j’ai enfourné la galette dans le lecteur. Voilà donc ce que j’ai pu en tirer…
Spawn, jeune formation allemande ayant tout de même déjà joué avec des monstres tels que Slayer, Krisiun ou Iron Maiden nous offre donc avec ce ‘Human Toxin‘ leur deuxième album . Pour être clair, le quintet propose un death on ne peut plus classique, avec blast à tout va dégivrage des tympans en options.
Le tout comence plutôt bien avec ‘Fear The Just Revenge‘ et son intro entrainante qui rappelle en effet quelques classiques de Slayer. Puis, la musique laisse place à un souffle court, une inspiration, une expiration, le tout s’enchaîne très vite et à peine une voix mécanique et calme contrastant avec le reste a-t-elle eu le temps de placer un ‘Fear…Just…Revenge…’ qui donne des frissons que la double est lâchée, des riffs lourds au possible s’élancent au galop et c’est parti pour une demi-heure de carnage. Non, c’est vrai, 30 minutes c’est pas long, loin de là mais il faut avouer que rien que ça, on les sent déjà passer. Parce que oui, ‘Human Toxin‘ n’a peut-être pas énormément de défauts mais pêche très fortement sur un point crucial : la diversité des titres proposés.
C’est simple, les 10 premières minutes on se dit que c’est plutôt agréable, et au-delà, on a l’impression d’écouter un bûcheron casser du bois sur un rythme invariable. Bon d’accord, on va dire un bûcheron canadien en supposant qu’ils soient les meilleurs, parce que c’est vrai que ça reste carré et régulier du début à la fin, mais un bûcheron quand même. Alors de temps à autres on a droit à un petit break avec un changement de rythme total sans aucune logique apparente, pendant lesquels la coordination parfaite des différents musiciens atteste tout de même d’un vrai professionalisme dans l’éxecution, mais c’est toujours une similitude exaspérante des structures et du rythme qui domine. Si ça avait été plus rapide, ça serait encore passé pour du grind pas très inspiré. Plus lent ça aurait facilement fait office de doom plutôt brutal mais là c’est tout juste entre les deux, moyen, tiède et finalement pas vraiment agréable.
On doit bien reconnaître que cet album n’a pas que des défauts. Certains passages ont une touche de groove indéniable : la lead de ‘Watch The Civil Fall‘ mélange du bourrin death extrême à des mélodies dans une veine plus trash alors que la rythmique de fin devient carrément hardcore avec le seul (!) mid-tempo de tout l’album. La fin de ‘Ammunition Of Malice‘ rappelle presque ‘Warmachine‘ de Six Feet Under et ‘Provoked Extinction‘ a des airs de l’énorme ‘Unleashing Hell‘ de Blood Red Throne avec une touche de la brutalité barbare d’un Jungle Rot. On pourrait encore parler de l’intro de ‘Flesheater qui démarre par une citation de Nietzsche (‘If you look long into an abyss, the abyss will end up looking into you.’) dont le côté solennel ne manquera pas de faire son effet, ou encore de la deuxième voix, moins gutturale, qui intervient en fond sur ‘Fuck I Am Dead‘ et apporte son petit plus.
Un deuxième album donc quand même plutôt décevant pour Spawn. Ceux à qui le côté extrêmement répétitif sans réelles subtilités ne fait pas peur apprécieront peut être ce style tout de même très bête et méchant. Après tout, la production est de qualité, même si ça ne fait pas tout. A courts d’arguments, on peut toujours se rabbattre sur le bassiste de la formation, astucieusement nommé Alf. Quelle est la situation géo-politique actuelle de Melmack ? Comment se porte la famille Tanner ? Est-ce qu’il mange des chats sur scène ? Et surtout comment peut-il jouer de la basse avec ses gros doigts poilus ? Tant de questions dont les réponses ne figurent absolument pas sur cet album.