Une première démo, c’est toujours quelque chose d’important, un bon moyen de se faire remarquer en bien ou même en mal. Pour Shinra, jeune trio issu de la Marne et formé seulement depuis moins d’un an, ça sera plutôt en bien ! Le groupe a en effet eu le temps pendant ces quelques mois d’existence de peaufiner quatre titre qui semblent bien désormais être arrivés à maturité. Alors c’est bien beau de parler pour ne rien dire, donc voyons plutôt ce que donne leur musique plus en détails.
Un intro qui nous met au coeur d’un de ces labos de scientifiques barrés, et on sent tout de suite que ces bruits d’ébullition toujours plus forts ne présagent rien de bon. C’est un peu comme le Blob. Mais si, rappelez-vous Steve McQueen et son fameux ‘Indescriptible, indestructible, rien ne peut l’arrêter !‘. C’est dans ce genre d’ambiance que nous met cette ouverture qui ne peut donc déboucher logiquement que sur quelque chose de violent à outrance. Pour le coup, c’est pas raté avec ‘Small Bacon Tomatoes Quiche‘. Oui, moi aussi le titre m’a beaucoup fait rire, et pour cause on se doute bien que c’est l’effet voulu. Autant le dire d’entrée, Shinra est amateur de second degré et plutôt mauvais élève question raffinement et retenue. Ça donne donc des titres comme celui dont on parlait à l’instant, ‘Fucking Bitch‘ ou encore ‘Je Vais Bien‘.
Oui, c’est un peu dans le style de Gronibard ou Anal Cunt sans toutefois tomber dans l’absurde total du premier ni la provocation parfois vraiment limite du second. Alors les mauvaises langues diront sûrement que c’est un peu à la mode tout ça vu tous les groupes qui jouent la carte de la déconne…en même temps Shinra, c’est ni du grind ni du noise expérimental. Ba tiens justement, parlons-en de leur musique : si on devait leur coller une étiquette, même si c’est une tâche plutôt difficile, on devrait plutôt les qualifier d’hybride death-groovy-hardcore.
Death parce que les syncopes de batterie à 100 à l’heure (même si elles manquent peut-être parfois un peu de précision) accompagnées d’une lead à la mélodie résolument death ne manquent pas comme sur la fin bien sentie de ‘Small Bacon Tomatoes Quiche‘. Groovy parce qu’on aura pas vu autant de mid-tempos enchaînés depuis Torture Killer et enfin et surtout hardcore ne serait-ce que pour le phrasé très haché et assez typé de Geoffroy au chant qui fait par ailleurs un travail remarquable et sans failles, se laissant même aller à pousser quelques notes raclées du fond des cordes vocales toujours sur ‘Small Bacon Tomatoes Quiche‘ qui reste vraiment le titre phare de cette démo, même si les autres restent vraiment du même niveau.
Un petit point quand même sur le son général : c’est une première démo donc il ne fallait pas s’attendre à une grosse production mais après quelques écoutes c’est vraiment potable. Ça fait même penser point pour point à ‘An Ugly Little Freak‘ des tout aussi français de chez Darkpoetry pour les quelques-uns qui auraient comme moi beaucoup aimé cet album : un son très lourd, une rythmique guitare plutôt effacée, une voix bien mise en avant et surtout des cymbales très criardes auxquelles il faut vraiment s’habituer. On pourrait d’ailleurs noter beaucoup d’autres ressemblances entre les musiques respectives des deux groupes mais on est pas là pour ça.
Un petit mot pour finir sur le bonus track de la démo, ‘Le Temps D’Une Ballade‘, un instrumental d’abord tout en mélodie qui casse vraiment avec les autres titres, histoire pour Aurélien à la batterie de placer quelque plans plus subtils avant de reprendre les blasts accompagnés d’un solo guitare oldschool. Une première démo qui est donc franchement une réussite : originalité, variété et puis cette touche d’humour qui rend le tout beaucoup plus léger. On aurait vraiment tort de se priver de leurs talents de composition et on attend donc la suite tout en leur souhaitant bonne route !