A la vue de l’artwork, du nom du groupe et de l’album, on ne peut que se dire que ‘The Fall Of Rome‘ de Winter Solstice est encore une autre de ces sortes de bandes originales de films médiévaux médiocres mélant de manière on ne peut plus disgracieuse pagan, épique, power et heavy métal dans une ambiance chevalresque de joutes et batailles légendaires. Chez vous aussi cette brève description provoque nausées et vomissements ? Alors qu’on se rassure au plus vite, la formation issue de Lynchburg en Virginie joue à un tout autre jeu.
En effet, en se plongeant plus en profondeur dans cet album presque conceptuel, en tout cas en ce qui concerne les lyrics, chaque titre ou presque étudie un des points qui a mené le grand empire romain à sa chute et établit des paralelles plus ou moins troublants avec nos sociétés industrialisées modernes, leur démesure autant économique que morale, allant jusqu’à comparer le règne de débauche deCaligula à celui d’un autre grand patron du moment…je vous laisse deviner qui… L’artwork prend alors une toute autre dimension et on se dit qu’en fin de compte c’est une idée pas si mauvaise que ça.
Musicalement parlant, malheureusement, c’est beaucoup moins original. Surfant simultanément sur la grosse vague du metalcore du moment et celle, qui semble s’apaiser peu à peu, du pseudo-hardcore mélodique à la Avenged Sevenfold, Atreyu et compagnie, leur style n’a rien de vraiment révolutionnaire. Il emprunte donc au premier son jeu de batterie rapide, fluide et malheureusement plutôt effacé et quelques riffs vraiment brutaux et mécaniques comme sur l’entraînant ‘Courtesy Bow‘ qui rappelle à s’y méprendre un certain Lamb Of God. Au second, il emprunte des mid-tempos écransants (‘Calibrate The Virus‘), une lead très, mais alors vraiment très mélodique, penchant parfois vers de l’émo bien énervé comme sur ‘Following Caligula‘, et avant tout un chant hurlé à bout de souffle très caractéristique du genre.
Là où Winter Solstice se démarque en bien, c’est qu’il ont eu la bonne idée de rajouter une petite touche trash, qui revient heureusement très souvent. Le mélange atteint une homogénéité presque parfaite sur ‘To The Nines‘, titre sur lequel Tim Lambesis d’As I Lay Dying vient placer quelques cris bienvenus accompagné d’un refrain digne d’Hatebreed pour finir sur 60 secondes de montée en puissance instrumentale apocalyptiques.
La mélodie presque death et les effets de voix étouffés de ‘Watcher‘ ne manqueront pas de rapeler le sens de la composition pourtant innimitable d’At The Gates dans ses moments les plus calmes. D’un autre côté les riffs hachés du début de ‘55/23‘ pencheront plus vers un trash très speed et très suédois à la Dimension zero. Pourtant, malgré toutes ces influences plus que respectables et un son irréprochable mettant tout de même un chant plutôt commun très en avant, on ne peut s’empêcher d’y voir une pâle copie des nombreux groupes cités précédemment. Si certains passages attirent l’attention pendant quelques secondes, comme l’intro détonante de ‘Calibrate The Virus‘ avec son phrasé percutant ou encore celle de ‘Courtesy Bow‘ grâce à son passage en ternaire innatendu précédé d’une lead pompée sur Killswitch Engage, cette attention retombe très vite. Et cela nottament à cause d’un répétitivité flagrante, la longueur de certains couplets sur lesquels la batterie finit par se fatiguer et la monotonie du chant qui, à part sur certains rares passages parlés tout droits copiés sur du Poison The Well, ne dévie pas d’un seul poil de la même tonalité tout du long.
Le résultat des courses c’est qu’ici, des musiciens compétants se limitent à reproduire en changeant un peu les structures ce que d’autres ont déjà fait avant eux, soit parce que c’est ce qu’ils aiment (ce qu’on leur souhaite) soit parce que c’est ce qui a du succès en ce moment (ce qui serait déjà moins honorable). Pas énormément de choses à retenir donc de ‘The Fall Of Rome‘ si ce n’est cette belle allégorie aux tendances prophétiques. Qui sera le prochain César à voir s’éffondrer son empire ? Voilà une question qui mérite plus de réfléxion que cet album ne mérite d’attention.