Astaroth est un de ces groupes qui ne font pas beaucoup de bruit et qui malgré des problèmes de line-up incessants n’arretent jamais de sortir de nouveaux albums. L’ex-quintete-désormais-trio autrichien fête en effet avec ce ‘Organic Perpetual Hatework‘ ses dix années de carrière et son cinquième album. Et ils en ont connu des évolutions du pur black qui tache jusqu’à leur son d’aujourd’hui.
Pourtant, si c’est à du black traditionnel que vous vous attendez à trouver sur cet opus, vous risquez fort d’être dèçu. Dès le titre d’intro, ‘The Machinist‘, on est mis dans l’ambiance très industrielle de l’album avec ses claviers toujours présents, ses samples qui posent un bruit de fond plutôt agréable et ses instruments extrêmement clairs. Exit la batterie étouffée et les guitares bourdonnantes inaudibles. Le martelement d’Astaroth, derrière ses fûts, est extrêmement mis en avant et vu sa précision sans failles et ses fills innombrables et d’une rapidité colossale, on comprend pourquoi. Il suffit d’écouter la première minutes toute instrumentale de ‘Lateral Ergonimic Organic Marooned‘ et son mitraillage de grosse caisse innintérrompu pour comprendre à quel point ce musicien mérite une telle présence sonore. Alors, oui, cette batterie sonnera surement beaucoup trop triggée au goût de certains, mais d’un autre côté, quand on se rend compte de l’énergie qu’elle donne à chaque titre du groupe, on ne peut qu’en être ravi.
Mais après s’être pris une bonne claque par la qualité de la production, on se tourne du côté des compos à proprement parler. Et là encore, bonne surprise, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Tout d’abord parce que malgré la durée plutôt réduite de l’album (une petite demi-heure) les titres bourrins à base d’énormes blasts alternent toujours avec des titres plus calmes et très mélodiques mais surtout parce chaque titre regorge de détails, breaks, arrangements tous plus subtils et recherchés les uns que les autres. Les structures sont labyrinthiques et laissent une place conséquentes aux chagements de rythmiques, au passages de claviers seuls, etc… On regrettera juste l’absence de quelques mid-tempos deci-delà qui auraient bien donné l’envie de remuer la tête en rythme, ajoutant à tout ça ce petit côté entrainant qui manque par moments.
Les claviers et autres fonds sonores plus électro, même s’ils sont pour la plupart du temps judicieusement utilisés, risquent bien de déplaire à ceux qui n’aiment pas ce petit côté rétro des groupes de black à synthé de la décénnie passée. En même temps quand on entend pour la première fois l’intro de ‘Soulcloned‘ et qu’on se demande si on n’a pas confondu avec un vieux best-of d’eurodance qui trainait par là, c’est compréhensible. Pourtant, ces même claviers savent parfaitement porter le reste des instruments à bien d’autres moments, comme avec le fond symphonique qu’ils posent tout au long d »Eugenic (Designed Duality)‘, apportant une contre mélodie à la guitare qui autrement se retrouverait bien seule. On notera également la vraie petite perle de black très mélodique qui clôture l’album qu’est ‘Accursed‘ avec son intro fracassante de lourdeur et ses deux dernières minutes pleines de grâce et de simplicité où la guitare trouve enfin le moyen de s’exprimer à travers un riff d’une beauté rare. D’autres passages encore désolent par leur classicisme, comme l’intro mille fois entendue de ‘Perpetual Spirit‘, titre dont le refrain brille pourtant par un côté épique des plus envoûtants.
Dès la première écoute de ce ‘Organic Perpetual Hatework‘, on ne peut donc qu’être ravi qu’Astaroth ait laissé tombé les corpsepaint et autres clichés du genre pour se plonger dans un style avec bien plus de personnalité. Bien sur, ils n’inventent pas le genre mais savent tout de même y introduire beaucoup d’éléments rafraichissants. De plus l’alliance de ce style hybride avec la voix toujours aussi black de Nemesis, membre à l’origine de la reformation du groupe tel qu’il existe actuellement, donne le petit côté maléfique et malsain qui manquerait autrement à ce son parfois très épuré et lisse. Au final, cette vraie renaissance de la formation fait très plaisir à entendre. Il reste que cet élan ne soit pas stoppé net par un ennième changement de line-up…