Circa Survive fait partie de ces groupes pour qui tout s’engage très vite. Le combo se forme il y a un peu plus d’un an, sort un ep ‘The Inuit Sessions’ début 2005 et décroche un contrat chez Equal Visions sans même avoir tourné une seule fois ! Il faut dire que les membres de Circa ne sont pas totalement inconnus, chacun ayant officié au sein de diverses formations plus ou moins reconnues de la scène emo/post-hardcore ricaine, This Day Forward (signé sur Equal) pour Brendan Ekstrom et Colin Frangicetto (guitares), Taken pour Nick Bear (basse), Reflux pour Steve Clifford (batterie) et enfin Saosin pour Anthony Green (chant). Mais la présence des ces artistes et la confiance accordée par le label suffiront-elles à convaincre le public d’écouter Juturna ?
Là, où l’on pourrait s’attendre à ce que Circa Survive vogue sur la vague ’emo’ si populaire en ce moment de par le passé musical de ses membres, le groupe fait dans le ‘rock atmosphérique aux remous chocolatés’ dixit Nick Bear. Un rock atmosphérique donc plutôt doux mais seulement en apparence car celui-ci a de multiples facettes, teinté tantôt de métal et de rock progressif (‘Oh, hello’, ‘Holding Someone’s Hair Back’, ‘Wish Resign’), tantôt de post-punk et post-hardcore (‘Act appelled’). La plupart des refrains font mouche et l’on se surprend à chanter en choeur (et en yaourt dans mon cas). Le tout est servi par une section rythmique percutante, notamment sur les premiers morceaux, et un jeu à deux guitares des plus convaincants. L’on sent une véritable complicité entre Ekstrom et Frangicetto. Les 11 titres qui composent l’album sont assez homogènes et une atmosphère planante et mélancolique se dégage de Juturna.
Cette ambiance est d’ailleurs entretenue dans une large mesure par Anthony Green. En effet, tout comme elle l’a été sur ‘Translating The Name’, le premier ep de Saosin, révélation de la scène post-hxc de la côte ouest des Etats-Unis, la voix d’Anthony Green est un des atouts majeurs de Circa Survive. Juturna n’aurait sans doute pas eu le même impact sans elle. Une voix assez particulière presque juvénile, presque féminine qui retient rapidement notre attention. Une voix que Green maîtrise parfaitement et qu’il arrive à pousser souvent très haut (‘The Glorious Nosebleed’, ‘In Fear And Faith’ et l’excellent ‘The Great Golden Baby’).
Malheureusement, le soufflet tend à retomber au fur et à mesure que les titres se suivent. ‘We’re All Thieves’, ‘Always Getting What You Want’, ‘Stop The Fucking Car’ font parti de ces morceaux moins pêchus et que l’on ne retiendra certainement moins que les premiers. ‘Juturna’ se termine cependant sur une surprise, le titre ‘Meet me in Montauk’ (référence au film de Michel Gondry ‘Eternal Sunshine Of The Spotless Mind’ ?), une ballade acoustique décalée et à contre courant par rapport au reste de l’album qui n’en reste pas moins très agréable à l’écoute.
Bien sûr, on pourra reprocher à Circa Survive de ne pas être le groupe le plus inventif ou révolutionnaire, reprocher également un certain minimalisme dans la composition des morceaux mais au final le groupe nous livre ici un premier opus honnête à l’atmosphère propre qui mérite que l’on s’y attarde. Essai concluant donc.