S’il est un album que j’attendais tout particulièrement en ce début d’année 2006, c’est bien celui de Chan Marshall alias Cat Power, car voilà tout juste dix ans, depuis la sortie de ‘What Would The Community Think‘, que je suis sa carrière, dix ans que la belle et son folk minimaliste et désespéré mais terriblement émouvant viennent régulièrement squatter ma platine. Un album d’autant plus attendu que le label Matador avait présenté au public quelques mois avant sa sortie un titre ‘The Greatest‘ dans la plus pure tradition ‘catpowerienne’ (un piano, une voix) qui laissait présager non pas le meilleur mais comme son nom l’indique le plus grand.
Chan Marshall s’est entourée pour l’occasion de musiciens prestigieux du Memphis Rythm Band qui ont, entre autre, joué pour Otis Redding ou Al Green, deux grandes figures de la soul des années 60/70. Mais paradoxalement les arrangements rendent la musique sans âme (un comble pour un disque se voulant plus ‘soul’). Entre le pompeux ‘Where Is My Love‘, les titres plein de lourdeurs ‘After It All‘, ‘Islands‘ construits sur les mêmes bases laissant d’ailleurs entrevoir les limites de la composition de Chan Marshall, le country ‘Empty Shell‘, l’on ressent un certain ennui. Heureusement, l’orchestration fait parfois mouche et rend pleinement honneur aux compositions de Marshall comme pour l’excellent ‘The Greatest‘, ‘Willie‘, le magnifique et le plus rock ‘Love and Communication‘ ou le plus classique ‘Hate‘ mais trop rarement…
Au final, un album qui, malgré ses ambitions, est loin de répondre à nos attentes et l’espoir que l’on avait mis en lui vient s’envoler sous nos yeux. A défaut donc de nous contenter réellement, ‘The Greatest‘ pourra séduire les novices et leur permettra peut-être de découvrir l’univers torturé et mélancholique de Cat Power et ainsi se laisser subjuger à l’écoute de ‘What Would The Community Think‘ ou encore ‘Moon Pix‘.