Benighted – Identisick

La sortie du précédent Benighted, ‘Insane Cephalic Production‘, avait été un petit évenement dans le monde du death français. Avec ses compositions complexes et ses rythmiques tordues, le groupe avait su se forger un style et le faire aimer à tous ceux qui sont à la recherche d’un death moderne et innovant. Alors affirmer que ce nouvel opus, ‘Identisick‘ était très attendu est peu dire.

Le thème est donc toujours la maladie mentale à toutes les sauces, la conscience, la mémoire, l’identité, tout y passe, le séjour de Julien, au chant, en hôpital psychéatrique y étant bien sur pour quelque chose (non, pas en tant que patient, en tant qu’infirmier…). On reprend donc le schéma d’écriture du précédent album et on recommence : chaque titre nous présente un patient, sa maladie, la plupart du temps de son propre point de vue histoire de rendre le tout beaucoup plus barré. On pourrait d’ailleurs trouver là l’explication au dédoublement de personnalité que reflète souvent la voix de Julien passant de growls bestiaux à des hurlements plus enragés. Difficile de croire qu’une seule personne est derrière toutes ces sonorités plus différentes les unes que les autres. Pourtant c’est bien le cas et on ne peut que s’incliner face à une telle diversité vocale.

Et la diversité n’est pas que vocale, car si ‘Insane Cephalic Production‘ proposait déjà une palette de styles impressionante et un mélange de genres souvent contre nature, ‘Identisick‘ en fait encore plus. Les rythmes latins côtoient les blasts les plus brutaux qui soient, et alors qu’on a à peine eu le temps de se remettre de la surprise, c’est un break jazzy qui enchaîne sur un mid-tempo écrasant. Bref, on aura pas le temps de s’ennuyer pendant les quarante et quelques minutes de cet album.

Techniquement c’est toujours aussi parfait : les riffs s’enchaînent à des rythmes inhumains, les tempos changent dès qu’on s’y attend le moins, la batterie alterne mitraillages et grooves plus subtils et les structures labyrinthiques sont impressionantes de complexité sans pour autant en faire trop. Et oui, malgré tout ça on est jamais perdu et à chaque nouveau riff on ne peut s’empêcher de remuer la tête compulsivement. Et sur ce point, la production apporte beaucoup. Un grand bravo donc à Kohle du fameux studio allemand pour avoir su donner aux guitares cette clarté crystalline, à la voix sa profondeur abyssale ou encore à la basse son ampleur impressionante.

Mais pour ceux que l’étiquette ‘brutal death’ rebutterait encore, ‘Identisick‘ a aussi ses quelques moments plus mélodiques, comme certains riffs très inspirés de ‘Mourning Affliction‘, ‘The Twins‘ ou encore l’excellent ‘Iscarioth‘. Bon, c’est sur, ça hurle toujours à tout va et les petits instants de calme avant la tempête ne durent souvent pas très longtemps mais c’est bon de savoir que ces fous furieux savent aussi calmer le jeu quand il faut. Bonne surprise enfin, on retrouve en bonus track la reprise de ‘Suffer The Children‘ de Napalm Death, presque difficile à reconnaître quand on est habitué à la qualité de l’enregistrement d’époque de l’original, qui est ce qu’elle est…

Benighted continue donc dans sa lancée avec un album qui non seulement égale mais dépasse même le précédent sur tous les points. ‘Identisick‘ c’est tout simplement la bouffée d’air frais de la scène death française. Merci beaucoup, donc, pour un album aussi brutal, complexe et original.