L’amour contre-nature qui lie Thom Yorke à la musique électronique se poursuit et atteint un point de non retour, neuf ans après la sortie de ‘OK Computer, troisième album de Radiohead et point de départ de cette longue descente en enfer selon certains. Car si Radiohead avait réussi à complexifier ce qui n’étaient à l’origine que de simples mélodies pop et à y insuffler une jeunesse quasi-éternelle -presque mythique à en croire les adorateurs du groupe oxfordiens-, c’est en partie grâce à ces influences Pink Floydiennes ou Warpiennes et à leurs capacités à se renouveler. ‘The Eraser‘, premier album non-solo de Thom Yorke n’est que l’aboutissement logique de ces longues années de recherches, mais pas forcément le plus réussi. Premièrement, ‘The Eraser‘, c’est uniquement de l’électro, point barre. On a beau nous rappeler constamment que Niegel Godrich, aka. le sixième membre, et le reste du groupe ont tous participé à cet effort, on oublie que Radiohead était avant tout un groupe de rock avant ‘Kid A‘ tant la plupart des morceaux semblent justement n’être que de simples chutes de studio issues de ‘Kid A‘. Les mélodies sont toujours là (‘Black Swan‘, ‘The Clock‘, ‘Harrowdown Hill‘), menées avec brio par la voix vacillante de Thom, malgré les bidouillages et le travail de dépouillage instrumental. Au point de penser à Bjork à l’écoute de ‘Skip Divided‘ qui aurait pu parfaitement trouver sa place sur le dernier opus en date de l’Islandaise : une rythmique organique et une boucle vocale en fond. Mais ‘The Eraser‘ peine à capter l’attention de l’auditeur, et ce malgré toute la bonne volontée de l’auteur et de ses expérimentations musicales… Parce que trop froid, parce que pas suffisamment inaccessible. On en vient à compter les minutes (quarante et une) alors qu’on aurait juré qu’il s’agissait d’heures. Encore une fois, Thom Yorke peut se targuer de garder son statut d’artiste incompris.