Ça n’a l’air de rien comme ça mais chroniqueur, c’est tout un boulot quand même ! On s’écoute des dizaines de fois des albums pour essayer de s’en imprégner un maximum et ainsi saisir avec le plus de justesse possible la qualité intrinséque d’un skeud mais de façon totalement subjective bien sûr ! Le hic, c’est quand on reçoit des albums de groupes qui exercent dans un registre qui n’est pas forcément le nôtre. Des fois, on se découvre avec joie de nouveaux penchants et d’autres fois, on reste campé sur ses positions. Je recevais donc il y a peu ‘Hopes For Men‘ des Pissed Jeans qui, avec un nom pareil, laissait augurer d’un album assez crade, ce qui n’a pas loupé !
Je découvrais avec ‘People Person‘ le premier titre d’un album dont la craditude sonore allait dépasser tout ce que j’avais imaginé, puisque c’était pire ! Ici, les instrus se font totalement arythmiques, la mélodie est soigneusement évitée, les grattes sont lacérées, tout le monde y allant au final de sa petite contribution sonore et bruyante si possible, y compris le chant, tout droit sorti d’une cave. Oui, ça surprend et on se demande un peu ce qui vient de se passer sur la piste 1. Heureusement, ‘Secret Admirer‘ calme un peu le jeu avec une compo un peu plus organisée (enfin un poil de cul) mais ne cherchez pas de riffs, il n’y en a pas, tout n’étant qu’apocalypse sonore, chiure laissée au fond d’un froc après mauvaise estimation de la portée du pet (on appelle ça ‘merter‘ dans le Nord).
Un ‘mertage‘ tenant de l’azimutage instrumental totalement underground et franchement assumé par le groupe qui en laissera plus d’un sur le carreau. Vous l’aurez compris, tout n’est que dissonance au pays des jeans souillés. Ben oui, ici on peut le dire, c’est du punk, du vrai, teinté de hardcore ! Rien n’est fait dans la demie mesure. Le groupe m’ayant personnellement renvoyé à Black Flag période Henry Rollins (peut-être même avant si j’y avais déjà jeté une oreille), impression vite confirmée par le titre ‘Fantasy World‘ d’ailleurs.
Rien ne semblant capable d’arrêter les Pissed Jeans, ceux-ci enchaînent avec ‘Bad Wind‘ et ses allures de titre plus accessible grâce à un riff (un vrai), répété de façon inlassable. Rien à faire cependant niveau chant, ça se veut crade et surtout pas mélodieux. Complètement et volontairement hors des canons musicaux actuels, le groupe se permet même un titre tenant plus de la ghost track que de la compo réelle dès la quatrième plage (‘Scrapbooking‘), une sorte de délire studio sur fond de piano.
Non vraiment, Pissed Jeans, c’est pas commun du tout puisque le groupe n’hésite pas même à décoller plus d’un tympan à coup de larsen (‘Caught Licking Leather‘) dont le summum, ‘The Jogger‘, sonne comme si quelqu’un avait oublié sa gratte sur un ampli, l’instrument étant alors partagé entre larsens et altérations sonores évoquant plus des bruits sur le corps de la guitare que de la réelle musique. Oui là, ça devient limite conceptuel quand même. Et ce n’est pas ‘My Bed‘ qui sauvera le tout du délire apocalyptique rendant plus qu’ironique le titre de l’album.
D’ironie, le groupe n’en manque pas non plus à vrai dire ! Ainsi, en concert, ils leur arrivent de filer leurs instruments à de parfaits inconnus le temps d’un dernier titre live afin de mieux admirer le concert. Ici, ils nous baladent le temps d’un titre dédié à l’amour d’une crème glacée (‘I’ve Still Got You (Ice Cream)‘) ! Titre plus structuré qui permet au groupe de nous rassurer en prouvant que le groupe sait jouer de ses instruments, poussant même le ‘vice’ à un quasi solo de gratte sur le titre ‘I’m Turning Now‘.
Á titre personnel, vous aurez compris que ce n’est pas du tout mon genre musical, ma note n’aura donc jamais été aussi subjective tant je sais que je n’y reviendrai pas. Maintenant si malgré mes indications, vous ne vous sentez pas rebutés, il est peut-être temps pour vous de vous rendre à l’évidence, vous aimez la musique et surtout peu importe sa forme. Vous pourrez donc vous y essayer en toute quiétude néanmoins, ne venez pas vous plaindre sur VisualMusic si votre maman/femme/voisin (rayez la mention inutile) gueule contre cette musique de sauvages puisque là, c’en est. Pour les amateurs, ça vaut peut-être le coup d’oreille puisque le groupe semble bénéficier d’une certaine reconnaissance du milieu très underground, ‘genre dans les caves et tout‘ comme dirait si bien Clément. Les plus fins auront d’ailleurs remarqué que le groupe est signé chez Sub Pop, bien connu des fans de Nirvana.