Quand on reçoit l’album d’un groupe inconnu qui a directement sollicité VisualMusic pour une chronique, on se dit que les bougres doivent être véritablement sûrs de leur coup. On prend connaissance du nom du groupe (Dona Confuse), on envoie un mail pour accepter la demande, on va sur [url=http://www.myspace.com/donaconfuse]MySpace[url] pour finalement se rendre compte que la formation n’est pas si confidentielle que ça (même par chez nous), et on reçoit l’objet quelques jours plus tard. Un beau packaging, sobre, intitulé singulièrement par ses créateurs ‘Broken Silver Cigarette in Tristan da Cunha‘. Avec en bonus, dans la boîte, la cigarette argentée en question. Bien joué (surtout avec le prix du paquet de clope, ha ha – mais ce n’est pas comme ça qu’un chroniqueur du webzine tout rouge se laisse amadouer).
Mais ce qui est intéressant ici, ce n’est pas la façon dont votre chroniqueur ouvre sa boîte aux lettres ou comment il se laisse charmer (vous pouvez toujours me questionner en MP, bande de pervers), ce qui est intéressant c’est le son de Dona Confuse. Et là aussi, à l’instar du titre, c’est singulier. La musique en elle-même n’est pas inédite : lors des premières écoutes, quelques noms reviennent avec insistance: Radiohead, Team Sleep (jusqu’à Deftones avec les riffs quasi-metal du titre ouvrant le bal, ‘Sandy Point‘) ou parfois même Sigur Ros. Mais ce qui interpelle c’est la manière dont le groupe mixe ses influences, joue avec les tempi et l’électronique (les nombreux claviers et machines, dont un pad de Nintendo NES !), ce qui rend le contenu déroutant. L’efficace ‘Coliseum Harmonium‘, avec sa ligne de claviers si particulière, réussi à accrocher l’auditeur avec ce duel voix/machines (et quelques passages au vocodeur) pendant presque six minutes, alors qu’une batterie se mêle discrètement au titre. Les parties planantes sont dominantes dans ce disque (la très belle ‘Texas Valium‘), cependant, des mesures plus rythmées et saturées s’ajoutent aux ensembles (‘Luminosa’, les instrumentales ‘Linear Caravel‘ et ‘Surprise et Muette‘), et rappellent le post-rock d’Isis ou Pelican. Le groupe essaie de proposer une atmosphère propre à chaque titre, et il faut avouer que ça marche plutôt pas mal…
On peut regretter certaines longueurs présentes en seconde partie du disque, dont la piste finale, ‘Piano Préparé‘, au délire de vingt minutes assez incompréhensible ; mais ce sentiment d’ennui et balayé par ‘Marquise‘, la pièce maîtresse de l’album, une subtile fusion de trip-hop et de rock emmenée par cette voix deftones-ienne, judicieusement saturée par moment, transpirante d’émotions fortes et profondes. Réellement sublime.
Comme le coup de la cigarette dans le packaging, la musique des toulousains de Dona Confuse est pleine d’idées. De longues plages lancinantes (peut-être un peu trop étalées, par moment) mélangeant trip-hop, rock, et electro minimaliste, que Chino Moreno lui-même n’aurait pas renié durant ses escapades avec Team Sleep. Leurs influences sont facilement perceptibles, mais le tout est savamment orchestré. ‘Broken Silver Cigarette in Tristan da Cunha‘ est à écouter au calme, un verre d’alcool à la main. Une bonne surprise.