Dans la première chanson de cette compilation de faces-b, le refrain dit « Shine in your mind » et c’est finalement ce que fait une b-side : elle brille dans la tête du compositeur au moment de sa conception, elle est parée de tous les espoirs. Et si ce titre était le plus grand que… ?
Le concept de compilation de Faces-b est déjà bien étrange, il l’est encore plus lorsqu’il s’agit d’un groupe dont le succès est plus que confidentiel car qui ici a déjà entendu parler des Apples in Stereo ? Pour continuer dans l’ironie un titre ici s’appelle « Apples in Stereo theme » et dans cette chanson on nous explique ceci : « we are the Apples in Stereo, you can hear us on the radio ». Pourtant, ce groupe ne démérite pas : sorte de Supergrass américain, psyché et braillard, les Apples in Stereo sont menés d’une main de fer par Robert Schneider (tête de suspect pédophile et voix gonflée à l’hélium) et ont publié une poignée d’albums recommandables, Discovery of a new world inside the moone, pour n’en citer qu’un. Schneider est aussi connu pour être le cerveau du label Elephant 6 et le producteur de In the aeroplane over the sea, album de Neutral Milk Hotel qui est en train d’acquérir un statut de classique de la décennie précédente.
Revenons à nos pommes, le titre de cette compilation est assez trompeur : il n’y a pas d’electro ici, la plupart des chansons sont acoustiques et réussies : « Shine in your mind », « Hold on to this day » et surtout « The oasis » sortent du lot assez largement. On note une curiosité en français « Avril en mai » où l’accent français de Schneider est aussi convaincant que l’accent anglais de Phil Manoeuvre ; des titres plus enlevés (« On your own », « Other ») qui n’ont rien à envier à Weezer, au contraire ; du psyché plus Electric Light Orchestra que Beatles (« So far away ») ainsi que des titres répondant au proverbial « mais pourquoi c’est une face-b ça ?!? » : le rigolo rigolo « Stephen Stephen » par exemple ou le final cosmique « Dreams ».
Contrairement à beaucoup de compilation de B-sides, Electronic projects for musicians a le mérite de ne pas être trop disparate et donne au final un album assez correct d’Apples in Stereo dont les faces-b montrent la facilité d’écriture -mais peut être aussi les limites, on aurait imaginé plus de folie- de cette formation injustement boudée, particulièrement en France ou l’on préfère les groupes plus arty aux mélodies pauvres que la power-pop bébête et diablement addictive.