Will Haven – The Hierophant

Sur VisualMusic, on ne parle pas souvent de Will Haven, c’est vrai. Pourtant, bon nombre de lecteurs arborent fièrement leur adoration pour ce groupe, que ce soit dans leur biographie, pseudo ou signature. Allez, j’en compte au moins quatre. Bref. Personnellement, je ne connais pas très bien Will Haven. Pour moi, ces mecs-là, c’est : Sacramento. Potes de Deftones. [url=http://www.willhaven.fr]Alphamale[url]. ‘I’ve seen my fate‘. Et quelques titres sympas écoutés çà et là. Autant dire que la sortie de ‘The Hierophant‘, en 2007, m’a paru aussi importante que les récentes élections sénatoriales. De plus, paraît-il que le soi-disant mythique Grady Avenell a laissé son micro à un dénommé Jeff Jaworski. Ça me fait de belles jambes (broussailleuses, qui plus est). Il me faut donc l’annonce d’une tournée française en 2008 avec My Own Private Alaska, ainsi qu’une demande de chronique de leur label français, XIII Bis Records, pour m’intéresser à cet album, produit par Shaun Lopez (ex-Far, Sacramento, California) et Chino ‘Chaussettes’ Moreno (Deftones, Team Sleep, Sacramento, California). Tiens donc.

Pour le profane que je suis, ‘The Hierophant‘ pourrait se résumer en un mot : déséquilibré. Déséquilibre qualitatif tout d’abord. De la masse de riffs quelconques (‘Skinner‘, ‘Singing In Solitary‘) peut s’extirper des hymnes : l’excellente ‘A Day Without Speaking‘, aux riffs simples mais diablement précieux, et au ‘chant’ possédé (et puis, ça parle un peu français avec les samples de voix d’une jeune femme qui incite son compagnon à se couper les veines, comme elle), ou encore la renversante ‘Helena‘, au couplet urgent et au refrain écrasant à souhait. Déséquilibre artistique, ensuite. Homogène, ‘The Hierophant‘ ? OK. Monotone ? Pas tout à fait. Certes, on à tendance à facilement se perdre dans ce flot de sueur, de lents déchirements, d’accord plombés (‘Handlebars to Freedom‘) et de basses tonalités boueuses, néanmoins ponctué d’interludes synthétiques minimalistes et crades, hautement chargées en agents malsains (l’introductif ‘Grey Sky at Night‘, le pont du barré ‘Sammy Davis Jr.’s One Good Eye‘, l’outro de ‘Landing On Ice‘…), histoire de se rappeler qu’on n’écoute pas un skeud d’AqME ; dommage que certains changements de tempo, assassins, n’aient pas été multipliés, reprenant la recette des premières secondes de ‘Sammy Davis Jr.’s One Good Eye‘, ou du sauvetage final de ‘Firedealer‘. Déséquilibre mental, enfin. Le bizut Jaworski donne l’impression de porter tous les malheurs du monde sur ses épaules, emporté par ces pulsations nuisibles et bruyantes. L’alcool, les médicaments et Will Haven ne doivent vraiment pas faire bon ménage.

Lourd et oppressant, ‘The Hierophant‘ déçoit par sa linéarité mais impressionne par sa puissance. Pour le côté réitératif de Will Haven, on se demande pourquoi Chino M. n’a pas suggéré d’intégrer des éléments new wave dans leur musique… Hum, non, en fait, on ne se demande rien du tout.