Lundi 2 Février, journée mondiale du « 3 ». Trois, comme le nombre de fans devant la Boule Noire aux alentours de 18h30. Trois, comme la composition des deux groupes assurant la soirée.
On peut le dire clairement, ce n’est pas avec une énorme motivation que je me rends à Pigalle ce soir, Alkaline Trio n’étant pas vraiment conseillé pour ses prestations lives, mais au moins la date est maintenue ! Car oui, rappelons la surprise du 28 Novembre 2006, le groupe annule sa date initialement prévue au Nouveau Casino à cause des « émeutes touchant la capitale » !
Le dernier effort de la bande, Agony & Irony, étant une réussite après le moyen Crimson et ses inutiles pianos, il serait dommage de ne pas pouvoir constater de mes propres yeux ce que vaut le groupe de Chicago, disposant d’une discographie quasi-sans fautes, de la pop-punk anti-American Pie de grande qualité.
J’entre dans ce sous-sol appelé Boule Noire après avoir déboursé 20 € – que je ne regretterai pas vu le merch, le gilet jaune fluo des cyclistes paraissant très classe à côté – tandis que les Broadway Calls jouent déjà leur pop/punk-rock fraichement signé chez Side One Dummy. Le trio joue dans un attirail des plus épurés, un jeu de lumières sobres, une batterie peu fournie; d’apparence, c’est non sans me rappeler des certains Against Me!. Le groupe enchaine ses chansons extraites de leur album éponyme aux sonorités punk, avec une voix assez rocailleuses, et un tempo plus pop-punk, ça ne va pas dans tous les sens. La scène est bien monopolisée, le son est plutôt bon mais la recette se révèle être vite trop répétitive, tout comme le « on n’a nul part où dormir ce soir » entre chaque chanson. Une bonne excuse pour trouver de la petite française ? Nous ne le saurons jamais.
La salle se remplit de plus en plus jusqu’à sembler complète, chose difficilement imaginable pour le groupe de pop-punk, aussi culte soit-il. Une chose est certaine, personne ne sait ce que va donner ce concert.
C’est sans surprise que « Calling All Skeletons » montre l’entrée en scène du trio, tout comme la brillante ouverture son dernier enregistrement. S’enchaine l’énorme « Private Eye » et le ton est donné, la fosse commence à se chauffer le tout dans une ambiance très « bon-enfant ». Le son est très bon et la présence d’une unique guitare ne gène en aucun cas les compositions. Matt Skiba chante très juste malgré tout ce qu’on aurait pu imaginer, mais malgré les très bonnes prestations des deux frontmen – qui, sans sauter partout, font très bien leur boulot – c’est derrière qu’il faut jeter un coup d’œil. On entend souvent parler de Derek Grant, l’homme derrière les futs du trio Alkaline, mais ce n’est pas sur les enregistrements studio du groupe que l’on peut se rendre compte de la claque live. L’homme est à l’aise comme jamais, prend un plaisir fou à jouer et re-improviser les chansons de la bande, un régal !
La setlist de ce soir couvre toutes les périodes du groupe, aucun album n’est oublié, ce qui donne tout de même quelque chose de très cohérent – de « Maybe I’ll Catch Fire à Stupid Kid en passant par Warbrain avant de finir avec une classique et redoutable Radio, les enchainements sont parfaits – et une audience des plus contente ! Cependant Alkaline Trio a toujours donné une image « intouchable » de par son grand travail d’image et à mon grand étonnement il n’en était rien ce soir à Paris. Le guitariste sait parler et malgré quelques discours un petit peu réchauffés (« george bush blabla meilleur concert kikoo »), il y a un certaine connexion de chaque côté de la scène, certainement renforcée par quelques fans en provenance de Chicago.
Une petite heure de concert passée après un cours rappel et le groupe s’en va pour de bon. La combinaison de trois personnalités de qualité, Matt Skiba en guitariste à voix arrachée, Derek Grant en irréprochable batteur et Dan Andriano en certes plus discret mais convaincant bassiste à la voix plus posée, aura eu raison de la qualité de cette soirée. Alkaline Trio fait du Alkaline Trio et le fait très bien, on en attendait certainement pas plus.