Kap Bambino ✖︎ Akwaba ✖︎ Châteauneuf-de-Gadagne

L’été arrive. La chaleur monte, les demoiselles font péter les décolletés, les boyz les shorts (pourtant, ça existe les t-shirt en V plongeant…), et les festivités se font beaucoup plus folles, comme The Elektro Freakz Show à l’Akwaba, Châteauneuf-de-Gadagne, 8-4. Miosine, Monster X, Jankenpopp et surtout Kap Bambino sont au programme de la soirée, ponctuée de performances vidéos expérimentales et de représentations quasi-théâtrales. Ou quand les déguisements sanglants et morbides rencontrent une electro saturée à la frontière du punk sale, le tout organisé par le bouillonnant Collektif Freesson.

Fin de l’après-midi. Votre serviteur prend place sur le parking de la salle avec ses acolytes. Quelques bières, un peu de vin, ce qui ressemble à un hot dog et, dans la cour de l’Akwaba, une DJette qui lance un warm-up totalement barrée, mêlant rockabilly, chanson allemande et autres mélopées fines. Même que le « Eighties » de Killing Joke retentit, j’adore. Après tout, Jaz Coleman, en 1985, il avait une belle tête de freak… Quoi, c’est toujours le cas en 2009 ? Bref. Début de la soirée, Miosine s’avance sur la scène intérieure. « Live electro à tendance emo, mais pas trop« , indique le flyer. D’entrée, une partie du matos du bonhomme rend l’âme. Forcément la réaction impatiente du mec un peu imbibé pointe le bout de son nez : « On va fumer une clope ?« .

Une heure passée à déambuler dans cette cour aux allures de fête foraine transylvanienne et une sombre histoire de parachute (pas doré) plus tard, Jankenpopp a déjà investi les planches. Et là, c’est le coup de tronche immédiat. Armé d’une Game Boy, de vieux synthés, d’une wiimote, d’un rétroprojecteur et d’un laptop, cette véritable bête de scène -qui m’avait déjà impressionné en février dernier- balance avec frénésie ses morceaux electropunk, techno, breakbeat et pop cheap sans complexes, en s’occupant même du chant -très arraché- sur quelques compositions, dont une reprise de Patrick Courtin (« J’aime regarder les filles« , transformée en un « J’aime regarder les freaks » de rigueur… Mais si, tu connais !). Le gonze n’hésite pas à se frotter au public, se jette à terre, accueille sur scène de sombres pom-pom girls… Quelque part entre ses beats transperçants et ses attentats synthétiques stridents, on peut distinguer quelques phrases ressemblant à « I wanna be a punk rocker » : Jankenpopp, c’est le putain de punk de l’an 3000 ! Une turbo-performance visuelle et sonore époustouflante, une présence scénique ahurissante et une ambiance turbulente ! Merde, j’ai déjà plein de courbatures. Mais j’ai joui, c’est le principal.

Après quelques bières et une sorte de défilé de mode assez atypique, Kap Bambino envoie la sauce. Orion Bouvier, moins extraterrestre que sur les photos promotionnelles du duo, arbore un t-shirt Tupac et ne fait pas trop de vagues derrière ses machines. Caroline Martial, elle, est encore plus déchainée que les premiers rangs, et crache les paroles d’anciennes (« New Breath« , « Save« ) et nouvelles compositions (« Blacklist » vient de sortir) sans épargner ses cervicales. Basses saturées, beats minimalistes mais fracassants, aiguës à la limite du supportable, pas de doute, les enceintes doivent souffrir. « Monte le son putain, y a pas de son à l’Akwaba ou quoi ?« . Oh effrontée, parle mieux, bordel. « Intimacy » passe comme dans du beurre, je me surprends même à hurler -en yaourt- les paroles du titre en esquivant un front-kick de l’ex-brunette. Remerciements discrets, au revoir. Grosse énergie, set légèrement linéaire. Un peu comme sur CD quoi, la violence de la frontwoman en plus.

Monster X clôture la soirée, mais son live hard-IDM déstructuré me poussera à me retirer très vite du dancefloor transpirant, mes dernières forces s’étant furtivement échappées. Mais je ne leur en veux pas, entre l’explosion bordélico-orgasmique qu’est Jankenpopp et la teigneuse apparition de Kap Bambino, dans une ambiance festive et décalée, elles ont fait du bon boulot.