Cancer Bats ✖︎ Batofar ✖︎ Paris

Revenus de leur forêt lointaine après avoir distribué quelques vilains coups de pelles au détour d’un « Hail Destroyer » véreux, Cancer Bats arbore désormais les couleurs du fameux motoculteur jaune – soit un bel engin prêt à écraser jeunes activistes en colère et écologistes effrontés, sur une nouvelle tournée rutilante pour la présentation de son « Bears, Mayors, Scraps & Bones« . Une histoire d’ours et de restes humains que l’on s’est évertué à décrypter et à analyser ici sous toutes coutures. Peu importe … les Canadiens rempilent et on en redemande, qui plus est lorsque ces derniers ont jeté de leurs bagages les petits trublions de The Ghost of A Thousand. Soit ce qu’il est arrivé de mieux au Punk-Hardcore depuis quelques mois en terme de vélocité et de coupes mulets.

Au registre mulets, on débutera le passage de pommade avec les franciliens de The Orphans, parent pauvre d’un style fantôme à classer entre les naturalisés Américains d’Admiral’s Arms et le hardcore un peu foutraque d’un The Chariot sous Valium. La mixture des genres est basique, accompagnée en fanfare par un manque de charisme latent et des compositions nasillardes privées de caractère. Une formation démontrant la persévérance des groupes français sur des terrains malheureusement encore très peu variés et diversifiés.

Vera Cruz aura quant à lui eu le mérite d’apporter un brin de diversité et d’originalité dans ce monde de brutes. Pas que les dandys coreux aient fait preuve d’un quelconque sursaut d’engagement scénique et mélodique, mais gageons que le groupe fera son bonhomme de chemin si toutefois il arrive à marier la fougue et la justesse rythmique d’un danseur de claquettes sous éphédrine. Même si l’on tape effectivement du pied sur « The Game« , le terreau fertile qu’exploite Vera Cruz sur ses propriétés mexicaines a du mal à germer et à exciter la majeure partie de la salle d’un Batofar davantage penché côté bar.

Sur l’eau comme dans les airs, les plus à l’aise sur scène furent incontestablement les Anglais de The Ghost of A Thousand avec une énergie débordante et de quoi lancer la péniche à plein régime. Débutant par les torpilles de leur dernier opus – un « Moved As Moutains, Dreamt of by the Sea » détonnant en première ligne, Tom Lacey se jettent à l’eau et ne remonte à la berge que par à-coups. De biens salvateurs sursauts pour imposer chants clairs dans le public et rameuter ses troupes sous la bannière d’une efficacité rythmique sans précédent (« Bright Light« , « Running Empty« …). Attendue par une bonne partie de l’Assemblée, la verve de The Ghost of A Thousand n’a pas déçu et a permis de conforter une place dûment méritée dans le paysage du punk-hardcore contemporain et viscéral. Reste à savoir si les Anglais se serviront habilement de leurs deux forces asiatiques pour conquérir le monde et exercer une pression supplémentaire hors du continent.

Au rayon traversée des pays, les Canadiens de Cancer Bats sont bel et bien revenus plus gay lurons que jamais avec un Liam Cormer ayant tout juste oublié de soigner son mal de gorge et son accent. Plus que garant de l’identité du combo de Toronto, ce dernier fait vivre pleinement son groupe malgré l’handicap certain d’avoir succédé à The Ghost of A Tousand, haut gradé de cette grande messe initiatique. Présentant épisodiquement leur dernier « Bears, Mayors, Scraps & Bones« , la formation s’est proprement déchainé devant un public qui n’en demandait pas tant. Avec « Scared To Death » ou encore le très plébiscité « Hail Destroyer« , c’est toute la salle qui parvient à s’animer malgré une torpeur latente au début du show. Le groupe exécute proprement ses compos mais il manqua très clairement une bonne dose d’autodérision et de pure folie pour une section rythmique bien au chaud dans ses charentaises. Un réveil en sursaut qui ne viendra qu’à partir de la reprise du « Sabotage » des Beastie Boys partant du principe que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Et effectivement cette dernière est mieux coupée lorsque le groupe s’attache à lâcher du lest et à se débarrasser un tantinet de sa lourdeur routinière. Soit le concassage en règle des boîtes crâniennes de ces chers petits spectateurs.

Définitivement rien ne parviendra donc à faire oublier la grande gigue de The Ghost of A Thousand, pas même la prestation propre et toujours impeccable de Cancer Bats – coincé entre le labour du mois d’octobre et la grande évasion, ni même la digne cueillette de Vera Cruz et de The Orphans. Confirmation donc du potentiel des athlètes anglais au look germanique et qui nous garantissent que l’on peut-être hype et en avoir sacrément dans le caleçon.