Parlons bien, parlons sentiments. Quiconque ayant eu la possibilité de voir New Found Glory est informé que c’est le groupe de la vague pop-punk assurant le plus sur scène, et celui assez fou pour avoir osé poser son oreille sur leur dernier album sait aussi bien que leurs dernières compositions restent autant en tête que celles que l’on reprenait pour la fête de la musique 2002. Il était hors de question que je manque leur grand retour à l’occasion du Pop Punk’s Not Dead, et après avoir joué de mes charmes avec bon nombre de jeunes filles sur Facebook, un groupe de straight-edge de San Jose a osé m’accepter dans leur voiture. Mon escapade américaine continue donc de la meilleure des façons, nous sommes le jeudi 7 octobre, direction Santa Cruz !
Random Facts : Le Pop Punk’s Not Dead tour regroupe tout ce qui se fait de mieux dans le genre, et les liens ne s’arrêtent pas au style. Steve, guitariste de New Found Glory, a produit le dernier album de Man Overboard, Chad Gilbert (guitare) s’est occupé du dernier This Time Next Year, Set Your Goals invitaient Chad et Jordan (chant) sur leur avant dernier album tandis que les The Wonder Years ont déjà tourné à plus d’une reprise avec New Found Glory.
Une heure de voiture plus tard, me voici à Santa Cruz, devant la salle du Catalyst. La légende veut que le groupe ne manque jamais d’y jouer lors de chaque tournée sur le cote ouest, et que leur excellent album du même nom soit un hommage à cet endroit qui aurait beaucoup joué à leur gain de popularité lors de leurs débuts. Ne me demandez pas mes sources, mais cette histoire n’est pas de moi. Le fameux Catalyst est assez original, tout en longueur, sans être énorme, la scène est néanmoins à deux bon mètres de hauteur ce qui ne facilite pas les échanges avec le public mais ce qui permet de bien voir de n’importe où.
Un plateau de cette taille oblige, tout est très millimétré, et les This Time Next Year montent en scène à 7:30 pm très exactement. Entre les sauts du chanteur et les mélodies efficaces le rythme est soutenu, certains connaissent et chantent déjà avec le groupe. Difficile de s’en faire une idée finie cependant après 20 petites minutes de set, au moins on ne s’ennuie pas.
Après un changement de plateau complet de 10 minutes (les déménageurs de l’extrême peuvent se rhabiller, c’était un réel divertissement), les hommes de l’est américain de Man Overboard montent en planches. On retrouve un son plus pop que punk, tout en restant pop-punk (évidemment), avec un travail très intéressant au niveau des passages de voix entre les deux chanteurs. Ma vraie crainte était un manque de justesse après avoir vu quelques vidéos sur Youtube, et aucun souci n’a été à signaler de ce côté. Les nouvelles chansons trouvent facilement leur place à côté de celles des singles de Real Talk, et Man Overboard donne d’une certaine façon une sorte de fraicheur au genre.
The Wonder Years est le groupe de la soirée que je ne m’étais pas réellement attardé à écouter, et certainement celui que je compte suivre le plus désormais. Le gang composé de six membres est visiblement très attendu et assure un pop punk complètement fou. Deux guitare, un guitariste/clavier, une basse, un batteur et un chanteur très très en forme viennent faire monter la pression. Les chansons sont particulièrement accrocheuses, et il ne suffit que d’un refrain pour pouvoir le reprendre. Le public devient assez incontrôlable, et on se prend simplement une bonne claque par un groupe qui fait du pop punk de la façon la plus énergique et joyeuse qui soit.
Un quart d’heure plus tard Set Your Goals entre en jeu. Groupe aux compositions très bonnes comme passables, et aux prestations tout aussi variables, et ce soir est un bon soir. Le groupe est très en forme, les voix suivent quasiment mieux que sur enregistrement et la setlist fait bien plaisir. “Echoes”, “Summer Jam”, “The Fallen…”, le tout suivi par l’assez culte “Goonies Never Say Die”, l’ambiance est survoltée et tandis que certains slament pour essayer d’attraper le micro, d’autres se donnent des coups à l’arrière. Le niveau de two-step / moshpart est très élevé. Amis parisiens… on a du travail !
C’est probablement une des plus grandes différentes entre le pop punk vécu en Californie et à Paris. Les scènes pop-punk et hardcore se mélangent bien dans la région de San Francisco. Le jeune fan de New Found Glory ira tout autant voir les locaux de Stickup Kid dans un hangar que Terror à Oakland. Du coup l’ambiance est très différente que si nous étions avec des filles de 14 ans qui passeront leur soirée à prendre des photos floues.
Le groupe termine son set de 35 minutes tout de même par “Mutiny”, aisément reprise en masse, tandis qu’un fan par dessus le public arrive à faire passer un billet de 10 dollars à Matt, le chanteur au look de premier de la classe qui s’empresse de venir le raconter aux copains sur le côté de la scène. On apprend que le jeune fou a surtout mis un mot à l’intérieur du billet, et Matt a l’air aussi heureux qu’un enfant découvrant ses GI-Joe un 25 décembre. Une bonne partie des groupes de la soirée restent apprécier les spectacles à côté de la scène. C’est la première date de la tournée, on sent encore une certaine timidité de la part de chacun, c’est comme un premier jour de colonie de vacances, et c’est plutôt agréable à voir.
Il est désormais temps de laisser place à New Found Glory, et il ne suffit que de 15 secondes pour savoir que je ne risque pas d’être déçu. C’est “Hit or Miss” qui ouvre le bal, la bande de Jordan est en scène et les mots sont déjà aisément repris par tous. Pas le temps de se reposer, “Never Give Up” est enchainée pour rester dans la vieille époque. ‘Don’t back dowwwnnn, I’m over the past, can’t you seeeeee‘, ne me cherchez plus, je suis déjà perdu à chanter tout ce qui suivra. Le groupe ne perd pas une seconde pour lâcher les riffs plus saccadés de “Don’t Let Her Pull You Down” et l’équilibre entre ceux voulant chanter et les autres voulant se danser est toujours aussi appréciable.
“Anthem for the Unwanted” est la première chanson extraite du nouvel album que le groupe joue ce soir et ne trouve pas de souci à se caser entre les anciens tubes avec ses “oh oh” facilement reprenables par nos bouilles d’amour.
Difficile de critiquer tout ce qui suit, que ce soit “Understatement”, “Vegas”, “At Least I’m Know For Something”… Le groupe nous interprète ce que nous sommes venus écouter de la façon la plus énergique qui soit. Il n’y a aucune ironie lorsque j’affirme qu’à mon goût New Found Glory est un groupe de hardcore jouant du pop-punk tant l’énergie scénique et la volonté d’échange avec le public semblent imperturbables. Après un bon moment passé sur “Listen To Your Friend”, le groupe se permet de nous jouer “Coming Home”, chanson de l’album de même nom et qui reste le gros raté de leur carrière, ce qu’ils n’oublient pas de nous rappeler une nouvelle fois. L’enchainement “Truth of My Youth” / “Forget My Name” fait tout autant d’effet, New Found Glory continue à lâcher les poèmes d’amour, tandis que l’énergie ne faiblit pas de chaque côté des barrières. On en profite pour signaler que les vigiles sont particulièrement compétents et nous font bien oublier ceux que nous pouvons retrouver à Paris, le slam fait bien partie d’un événement du genre et il n’y a aucun souci à ce que quelqu’un passe au dessus de la foule.
Chad remercie tout le monde et c’est “Intro” suivie évidemment de “All Downhill From Here” qui sont choisies pour clôturer la soirée, et des images parleront mieux que des mots.
Le groupe nous revient quelques minutes plus tard, maillots de basket sur le dos pour reprendre « Basketcase » justement (rires enregistrés). Inutile de préciser qu’ils ne se font pas prier pour que le classique de Green Day soit repris unanimement. Pas réellement de souci non plus pour « Britzlieg Bop » des Ramones, qui est enchainée par le dernier single du groupe, “Radiosurgery”. Jouer cette chanson en toute fin montre bien que leur dernier enregistrement n’a aucun souci à se caser entre les chansons que ceux présents écoutent depuis 10 ans, mais un concert de New Found Glory ne peut évidemment pas se terminer sans “My Friends Over You”. Il faisait chaud (assez pour qu’une jeune fille décide de montrer ses boobies), et cela s’apprécie en images.
New Found Glory a réussi une nouvelle fois à prouver qu’ils sont bien là et plus fidèles que jamais à leur poste de survivants du pop-punk tandis que des groupes comme Blink 182 n’ont plus rien à voir avec ce pourquoi beaucoup les écoutaient à leurs débuts. La soirée était explosive, et il a suffit que de quelques minutes pour que je me ressente aussi bien que devant eux neuf ans plus tôt lors de mon tout premier concert. New Found Glory respectent énormément ceux qui les suivent en assurant toujours autant scéniquement. Et pour être retourné les voir un mois plus tard pour une des dernières date de la tournée au Regency Ballroom de San Francisco, la justesse était toujours omniprésente. On peut dire ce que l’on veut sur le style, il me semble assez évident que même s’il est difficile d’imaginer que quelqu’un ayant passé la vingtaine trouve un réel intérêt à découvrir le genre aujourd’hui, le pop-punk est loin d’être mort.