Quand on pense au Solidays, on voit sida, solidarité, mais aussi et surtout les espèces de têtes d’affiches miteuses qui peuplent beaucoup trop de programmation de festivals français. Pour cette édition 2013, on a évité les affreux Shaka Ponk, dont les dates l’année dernière se sont multipliées comme un morpion dans le calbut d’un clochard, mais pas David “la mèche” Guetta, ni le poète discount Saez ou le huit mains talentueux mais tout aussi omniprésent de C2C. Si on s’y penche de plus près, et pour ça pas besoin de lunettes pour presbyte, on y décèle cependant un nombre conséquent de groupes qui en valent leur pesant de capotes. Poni Hoax, Crystal Fighters, Goose, Tha Trickaz, La Femme, Django Django, Balthazar, Fidlar, ont par exemple fait le bonheur des festivaliers du vendredi et du dimanche soir.
Pour ce qui s’agit du samedi, seul jour ayant mérité la présence de votre serviteur, on va dire que c’était plutôt pas mal fourni. En introduction, les plus nostalgiques ou ceux qui ont attendu “A la Faveur de l’Automne” pendant une heure auront pu apprécier le gentil Tété. Mais pas moi. Les Juveniles servaient peu de temps après un set sympathique, où leur rock/new wave pouvaient faire remuer quelques popotins même avec un soleil de 18h en plein été. Sudiste oblige, ce sont les moustachus de Deluxe, déjà vus lors des Nuits Zébrées à Marseille il y a deux ans, qui ont bénéficié de toute mon attention. Réputés pour leur énergie sur scène, les aixois ont régalé pendant une bonne demi heure à gros coup de tubes tels que “Never Lose” et “Daniel”, ainsi que quelques nouveautés groovy mais loin d’être inoubliables. A l’aube de la sortie de leur premier album, c’est donc un constat un peu fataliste qu’ils offrent pour ce qui s’agit des nouveaux titres. Si ça claque pas en live, peu de chance que ça fasse son effet sur CD pour un groupe aussi porté sur la transpiration des salles de concert. Sans parler de l’espèce de public insupportable, peuplé de mèches adolescentes et de serres têtes hippies, qui enchaînent slams et pogos sur des solos de trompettes. On se fait peut-être vieux con, il n’empêche que cela n’a pas aidé à rentrer dans la prestation fade de Deluxe. Ils auront sûrement pu apprécier une tentative dubstep improbable, une reprise au piano incompréhensible. En guise de final, un “Superman” cuisiné à la sauce drum&bass avec MC Taiwan, l’homme qui se sentait obligé d’ouvrir sa gueule à chaque note, effaçant la pourtant pétillante Lily Boy. Les propos sont durs, mais le groupe a déçu.
Le temps de se frayer un chemin pour sortir du chapiteau, les suédois survoltés de The Hives commençaient leur concert sur l’une des deux grandes scènes extérieures, nous octroyant un putain de soleil couchant en pleine gueule. Ce ne fut pas un souci tant Pele et sa clique ont réussi à tenir tout le monde en haleine de par leur prestation hyper dynamique, portée par un chanteur charismatique malgré sa voix de colvert cancéreux. The Hives c’est mon adolescence, les premiers rapports au garage rock, au semblant punk, et en l’espace de quelques minutes c’est ma version rebelle qui se trouvait plantée dans l’herbe face à eux. Tous les classiques des premiers albums y sont passés, avec en tête les sauvages “Hate to Say I Told You So”, “A Little More For Little You” (un peu gâchée par de surprenants problèmes de rythmiques), “Idiot Walk”, “Two-Timing Touch and Broken Bones”, “Die All Right” et le classique final interminable de “Tick Tick Boom”. Je découvrais quelques chansons du nouvel album qui ne m’avait pas marqué à l’époque, bien qu’il fasse amende honorable en concert. Pele prend le temps entre chaque chanson de parler dans un français digne d’une pute slovaque de remercier son public, lui dire qu’il l’aime, et tenter des questions en anglais dont la sempiternelle réponse s’avère être un “WOOOOOUUUUUUUW” ou “YEEEEEAAAAAH”. Les Français et l’anglais, c’est quelque chose. A la fin des pitreries, roulades et beuglements du chanteur, il était temps pour nous de poser pied à terre, entendant de loin ce bon vieil OrelSan retourner la grande scène.
Peu de temps après, c’est le chauve Wax Tailor qui se ramenait avec ses musiciens, sa molassonne Charlotte Savary et ses rappeurs au goût vestimentaire douteux. Comme c’était le cas à Marseille, il met en avant son dernier album avec un écran qui passe les souvent jolies vidéos en accompagnement. Pendant une première demi heure assez poussive, on bouge légèrement la tête sur du trip-hop sympathique, avant qu’il n’enclenche la seconde avec des titres plus dansants comme “Positively Inclined”, “Bboy on Wax” ou “Say Yes” qui transforment la fosse en piste de danse. Des danseurs viennent même claquer leurs chorégraphies, comme pour un bon vieux spectacle de fin d’année à la MJC locale. Enfin, comme d’habitude, l’homme au chapeau clôt les festivités avec un “Que Sera” chanté avec le public, un très bon moment.
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