Troisième round en 10 ans entre Interpol et moi ce soir. Cela avait commencé sur la tournée Antics au Splendid avec une première partie assurée par Bloc Party, le tout pour la modique somme de 19 € à l’époque ! Puis Our Love To Admire, voilà maintenant 7 ans que je n’ai pas croisé leur route. C’est un Alhambra complet qui les attend et les petits anglais de Childhood nous tiendront la causette en première partie dans une fournaise faite salle. Trop d’emo, des compositions à tiroirs intéressantes mais utilisées en gimmick en fin de morceaux plus qu’en véritable atout casseront l’intérêt qu’on pourrait avoir pour ceux qui ouvrent le bal.
Pour le fun, un des roadies nous lache l’intro d’un « Feel the Good Hit of Summer » fort à propos. Pendant ce temps, une de mes voisines inconnues parle de ses vacances où elles ont aperçues Nikola Sirkis en maillot de bain. Torride l’ambiance je vous dis.
« Evil » et son fameux riff abondamment foiré, Kessler a assez de pains pour la soirée pour ouvrir une boulangerie mais l’arrivée au dernier refrain est vécue de manière euphorique par la foule. On s’attend presque à ce que Banks s’en amuse mais sa communication restera la même pendant l’intégralité du set : nous remercier d’un franc sourire. Et rien de plus. Celui qui cachait sa vilaine peau joufflue en 2001 derrière ses cheveux mi-longs n’est plus et ressemble à une sorte de dandy / Justin Timberlake classieux à qui le port de la chemisette est même tolérée.
Pour un show d’échauffement avant la sortie du nouvel album dans 3 mois, cette session intime sent la remise en confiance et c’est tant mieux. En témoigne la setlist qui oublie totalement Our Love To Admire et ne sauve que Lights de l’éponyme pour ne se concentrer sur ce que nous voulons tous : un condensé de Turn On the Bright Lights et d’Antics. « Obstacle« , « Stella was a diver… » , « Slow Hands » , « NYC« , « PDA » , « Not Even Jail » , elles sont quasiment toutes là et quel plaisir c’était de revivre ces 2 putains d’albums. Perle de la soirée et voeu inavoué exaucée, « Leif Erikson » fait partie du voyage. Il faut dire au passage que c’est le meilleur de Joy Division depuis 30 ans, même si ces derniers ont une bonne excuse pour ne plus composer…
En plus, je n’ai pas encore précisé sous quelle forme. Interpol n’est pas venu nous braquer mollement, ils l’ont fait avec poigne et assurance. A part les pannes très ciblées de leur guitariste, ils n’ont jamais paru aussi puissants. Paul Banks gère son chant avec aisance et charisme. Sa voix si particulière est au rendez-vous et sa réputation trébuchante des débuts n’est plus depuis longtemps. En embuscade, le batteur a peut être pris du bide mais il n’a jamais tapé aussi fort et n’a rien perdu de sa justesse. S’il continue sur cette voie, il peut continuer à reprendre du rab à la cantine. Ça ne nous dérange pas, bien au contraire ! Son comparse bassiste, remplaçant au pied levé après la défection de Carlos D et de son premier alter ego, a assuré également. Enfin, Daniel Kessler ne tient toujours pas en place avec ses pas de danse placés avec classe dans son indéboulonnable costard cintré, même par 30 degrés.
On en arrive au chapitre des nouveaux morceaux. Au nombre de 3 (« My Desire« , « Anywhere« , « Rage Away From Home« ) , ils sont très prometteurs. Intros audacieuses, armées d’une batterie bourrine et rentre-dedans, ces pistes donnent envie d’écouter El Pintor. Même si mon scepticisme me laisse à penser qu’il s’agissait des meilleurs titres ou du moins les plus catchys. Quoiqu’il arrive, j’étais des plus déçus en 2010 avec Interpol, j’attends maintenant la suite sans doute et surtout avec le plaisir de me dire que les bonhommes seront sûrement de retour d’ici la fin d’année histoire de nous en remettre une derrière l’oreille.
Seul bémol d’une soirée parfaite, un show trop court. Bien sûr ca l’est toujours mais pour un groupe disposant de 4 albums, balancer le rappel à moins d’une heure de de concert et renvoyer tout ce beau monde chez soi un quart d’heure plus tard, c’est chiche pour ne pas dire radin. Pas de panique pour autant, on venait bien d’assister à l’un (LE ?) des meilleurs lives de la saison.
Un grand Big Up à Clément de chez Pias pour sa réactivité et sa sympathie !