Disons-le, ce jeudi 2 Octobre m’a pas mal travaillé. Je m’explique. Sur le même soir, il y avait les excellents Triggerfinger au Grand Mix à Tourcoing. Super salle. Super groupe. La proximité du domicile en bonus. Mais aussi Helmet à Bruxelles pour les 20 ans de l’album « Betty« . Virée entre potes. Binouze et déconne assurée. ET DZ Deathrays à Anvers. Ma sensation musicale de la rentrée. Ma plus grosse envie initiale de virée. MAIS 1h30 de route en solo sans avoir l’assurance que le groupe joue une heure malgré deux albums, ça me faisait un peu peur.
Et un jour, le Dieu du Rock (appelé par certains Trent Reznor) a exaucé mes vœux. Il a jouté Antemasque (ex-The Mars Volta/At The Drive-In) à Anvers.
Et là, j’ai dit BANCO !
Double banco quand Joseph (fidèle lecteur du site) décide de m’accompagner. Ce soir, je suis sûr de ne pas rentrer seul. Un bon point !
Plus sérieusement, on arrive quasi dès l’ouverture au Trix d’Anvers, il y a si peu de monde que l’on se demande si c’est bien ce soir le concert. Et pourtant, la salle va se remplir tout doucement, sans bousculade de bières. Quand on arrive, Le Butcherettes sont déjà sur scène. Avouons-le, j’avais un peu testé sur le web, j’avais pas trop accroché et en live, j’ai trouvé ça assez insupportable. Teri Gender Bender a beau avoir trainée avec Omar Rodriguez (période Bosnian Rainbows), musicalement, je n’accroche pas. Sans parler du jeu de scène de Teri à base de danse moderne. Non. Vraiment pas ma came.
Au final, un élément m’interpelle un peu, alors qu’on sirote nos binouzes à tarif raisonnable (coucou la région parisienne), je m’aperçois qu’il y a juste en face du bar, une petite scène secondaire. Une batterie. Une guitare. C’est sûr, c’est là que les DZ Deathrays vont jouer. On se positionne. Et alors que Terri tente apparemment le salto sur la scène principale, on peut profiter des DZ peaufinant la mise en place de leur matos. Shane (frontman guitariste) se montre hyper sympa se prêtant d’ores et déjà au jeu des photos et la petite discute d’avant concert (au même titre que Simon d’ailleurs).
À peine le temps de se dire quelques mots que le duo prend place sur cette petite scène.
Le groupe ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet car si mes souvenirs sont bons (pas de setlist sous la main), le duo s’attaque à son premier disque avec les turbo hits en puissance tels que l’incendiaire « No Sleep » ou encore la nerveuse « Cops Capacity » et son imparable refrain syncopé. Oui, le duo n’est pas qu’un très bon album de cette rentrée 2014, c’est aussi un premier disque à côté duquel on était passés à tort. Si les riffs enflammés et refrains quasi punks du duo n’inventent rien, bordel qu’est-ce que c’est bon ! Et on comprend vite pourquoi ces deux s’entendent si bien avec les Blood Red Shoes et Pulled Apart By Horses. Ils partagent clairement [s]beaucoup d’alcool[/s] cette même vision d’un rock décomplexé où batterie et guitare se suffisent (parfois). SURPUISSANCE. Et si le fait de passer en seconde tête d’affiche (alors qu’initialement, ils étaient la tête d’affiche de ce soir) n’aura pas trop perturbé le duo, on regrettera surtout de les voir écourter leur set à 35 petites minutes là où le Butcherettes m’aura (un peu) gavé pendant 1 heure.
Je suis arrivé en fan et je suis reparti encore plus fan. Le groupe aura clairement axé sur ses titres les plus nerveux en évitant aucun de ses tubes, la monstrueuse « Less Out Of Sync » alternant chant tranquille et pont furieux sur fond de riff/refrain assassin, la bandante « Gina Works At Hearts » sur laquelle le duo prouve toute sa maitrise rock ou encore la pressante « Black Rat« . Simon est un monstre de batteur (contraste saisissant avec son visage juvénile) là où Shane assure un chant sans accro et des parties de gratte brutes de décoffrage. À peine épaulés par un troisième larron lors de certains titres, le groupe captive et finit par convaincre un public à priori bien timide et qui finira par pogoter gentiment mais assurément. On n’échappera pas non plus au très fun titre « Reflective Skull« , moins rock et presque rappé niveau chant, qui fait là aussi son effet, guitare et batterie n’étant clairement pas au placard.
BON DIEU. Je prends. Mon pied. Malheureusement, le groupe met déjà un terme à son set, pas de « Northern Lights » afin de ne jamais lever le pied durant ce set, pas d’hypnotique « Fixations« . Par contre, il me semble que l’on a bien eu droit au tonitruant et bien gras « Dollar Chills« . On aura beau gueuler « MORE !« , le groupe sourit poliment, conscient qu’il en avait encore sous le pied mais doit achever son set. C’est d’ailleurs après Antemasque que l’on aura l’occaz’ de discuter avec l’adorable Shane, qui admettra être passé de tête d’affiche à second couteau sans que cela ne semble provoquer la moindre once de rancœur. Bien au contraire. Fair play. Et sympa. Le duo aura écourté sa setlist pour se concentrer sur l’efficacité rock de sa discographie. Essai transformé pour moi.
Le temps de s’enfiler [s]dans les toilettes[/s] quelques binouzes et de tailler un peu le bout de gras avec les ami(e)s présent(e)s sur place, Antemasque prend place sur la scène principale. Et avouons que ça faisait une paire d’années que j’avais pas vu Omar et Cédric en live (peut-être même 10 ans depuis un passage à l’Ancienne Belgique de Bruxelles en 2005), c’est dire. Et si leur dernier album ne m’a pas mis sur le cul, ça me faisait plaisir de revoir les deux anciens meilleurs amis/ennemis pour le coup. Si Cédric a gardé la touffe, les kilos et le costard tout noir digne d’un narco trafiquant, Omar a lâché grosse moumoute et grosse lunettes pour casquette et coupe plus réglementaire dans le monde du hipster. Mais ne nous y trompons pas, le duo n’a rien perdu de son énergie scénique et va se faire un malin plaisir de me rappeler que leurs années d’expérience scénique. Le chevelu frontman est intenable et occupe tout l’espace sur scène. Le titre « In The Lurch » va d’ailleurs s’avérer être une explosive introduction au set de ce soir. Il danse, gesticule, s’avance au-dessus du public, jette son micro tel un animateur du Juste Prix quand Omar avance et recule [s]comment veux-tu que je…[/s] pour mieux triturer sa gratte et participer aux chœurs. Premier titre DE FEU qui me rappelle que je suis peut-être un peu passé à côté de l’album. Car l’énergie déployée n’est clairement pas feinte et semble démultipliée. Ça sue, ça gueule, ça envoie. Cédric semble même partir dans un délire d’entrée de jeu (« quelqu’un m’a amené du chocolat ? J’ai suivi un chemin de chocolat pour arriver à la salle… » kids, don’t do drugs), c’est surtout pour avouer qu’ils ont failli louper leur avion (et qu’accessoirement, le batteur Dave Elitch a une « fuite du cul« ) ! En dehors de ces croustillantes anecdotes, le groupe n’est qu’énergie musicale et si l’album ne m’avait pas semblé si nerveux, la prestation scénique est relevée de cette présence scénique de Cédric, vous l’aurez compris, mais aussi et clairement d’Omar qui va calmer son monde. Précis. Appliqué. Et surtout en « retenue ». Car en 2005, le groupe semblait se perdre dans de trop longues parties musicales (époque « Frances The Mute » oblige) alors qu’ici les soli sont un vrai plus, maitrisés, électrisants, et on se dit vite qu’on veut réécouter cet album en live tant c’est bien senti. « 4AM« , « I Got No Remorse« , « Ride Like The Devil’s Son » font sérieusement le boulot et si d’autres titres s’avèrent moins transcendants, la solidité du set fait vite oublier des anicroches comme la passable « 50,000 Kilowatts« . Le set s’achèvera même sur ce qui semble être un bon hymne de fin « People Forget » vite repris en chœur par le public flamand.
Une petite heure et RIEN. Pas de rappel, pas d’At The Drive-In, pas de Mars Volta, que du Antemasque. Un album joué en intégralité et même rallongé et puis s’en va. Dommage parce qu’on est soufflés ! Le quatuor a achevé le Trix ce soir mais finalement assure son rôle jusqu’au bout et laisse son passé derrière lui pour assurer la promo de sa nouvelle entité. Honnête.
Soyons clairs, si je déplore un peu le fait que DZ n’ait pu jouer que 35 minutes, les voir a été un véritable plaisir tant leur dernier album (bientôt chroniqué) m’a emballé. Et puis discuter avec Shane et Simon fut un véritable plaisir tant il a été facile de discuter avec eux. Antemasque que je voyais plus comme un bonus s’est finalement révélé être une très grosse sensation scénique. Et si de mon côté, j’estime avoir fait le bon choix, j’avais déjà vu Triggerfinger au Main Square et Helmet ayant finalement décalé sa date bruxelloise. Vous. Amis parisiens. Êtes désormais dans une situation complexe car le 11 Octobre, DZ Deathrays sera au Nouveau Casino. Et Antemasque à la Gaîé Lyrique. Le 11 Octobre aussi. AOUTCH. Le choix va être très très difficile si vous voulez mon avis. Les deux sont énormes à voir et rares, beaucoup trop rares dans nos contrées. Faites donc le bon choix. Mais j’ai préféré ne pas choisir.
Je tiens à remercier Jasper de Pias Belgique, Pias France pour le soutien global (et la future interview de DZ dans nos colonnes) ainsi que les amis François et Coralie pour l’agréable soirée en leur compagnie.