Royal Blood ✖︎ Grand Mix ✖︎ Tourcoing

Une veillée musicale un samedi soir. Un duo de de vaillants ménestrels qui fait parler de lui au-delà des frontières depuis 6 mois. Une excellente salle du Comté de Flandre avec une capacité réduite mais que l’on qualifiera plutôt de privilégiée, doté d’une enjoliveuse sonorité en son sein, n’en jetoyez plus, ce passage du Sang Royal au Grand Mix avait tout pour faire complet. Ha et pour les parisiens qui nous lisent, vous ai-je dit que le concert était affiché à 13€ ? Point n’était besoin d’être fortuné !

Ce soir, ce sont les hardis Bad Breeding qui ouvrent et de quelle manière ! Néanmoins, difficile d’affirmer que le post-punk des rejetons de la perfide Albion emportera la salle. Il faut dire que le grand écart musical est un peu trop important pour un public majoritairement présent pour un rock certes inspiré mais finalement plus classique des Royal Blood. Dès lors, sans une oreille quelque peu entrainée, tout cette furie sonore ressemble plus à un gros bordel qu’autre chose qui trouve son écho dans un comportement de punk. Et vas-y que je m’étrangle avec le fil du micro, et vas-y que je beugle dans le micro, et vas-y que je fais l’autruche sur scène pendant que mon gratteux met son pied sur mon dos. Pas inintéressant (j’avoue) mais finalement un peu trop hors contexte ce soir pour déclencher des mouvements de foule et séduire la majorité.
Il est quasi 22h quand le duo tant attendu fait son entrée, Mike et Ben prennent vite possession de leurs instruments et font retentir les premières notes de « Hole ». Kézako ? Aussi étonnant cela puisse-t-il paraitre, le groupe commence par une face B, histoire d’entrer tranquillement mais sûrement dans le set, il faut dire qu’avec un seul album au compteur, le groupe n’a pas beaucoup de choix s’il souhaite assurer une presta approchant l’heure si ce n’est en déroulant son album et quelques bonus.
L’échauffement ne durera pas bien longtemps avant que le groupe ne rentre dans le vif du sujet avec « Come On Over » ou encore « You Can Be So Cruel » et si le public monte quelque peu en pression, ce sont les tout premiers rangs qui vont être compressés sur « Figure It Out ». Un bon gros pogo se met en marche alors que Mike fait claquer les cordes de sa basse avec un toucher extrêmement proche d’un joueur de guitare ! C’est assez intéressant à voir et peut-être même la première fois que je vois un jeu de ce type (en tout cas, en étant aussi près). Ben à la batterie n’est pas en reste et sous son visage de nounours tranquille, on y détecte à certains moments la dose de brutalité nécessaire pour que ce duo puisse sonner si amplement. Puissants et précis, les compères enchaînent leurs nombreux titres/tubes avec une totale maitrise et une discrète complicité. Le groupe n’est certes pas exubérant sur scène mais ne se ménage pas pour autant avec quelques moments en face à face. Certes, la communication avec le public se fait minimaliste (« is everyone having a good time ? ») mais là où je craignais un duo en « suffisance » (après tout, le groupe ouvrira pour les Foo Fighters dans des putains de stade), il n’en sera rien. Mike est souriant bien que concentré durant un set tout en puissance. Une puissance et une énergie communicatives.

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La cascade qui suit a été réalisée par un non professionnel. Pour votre sécurité et celle des autres, n’essayez en aucun cas de reproduire ce geste.
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Cette énergie se cristallise presque avec la mention spéciale du soir. Oui, toi le fan qui nous lit peut-être et monté sur scène et qui a décidé d’y camper alors que tu étais censé faire ton stage diving de suite. Tout fier que tu étais de voir la sécurité réagir un peu tardivement (après tout, personne ne pensait que tu planterais la tente Quechua pour y rester).
Et s’il parait que l’être humain révèle sa nature dans des situations extrêmes, j’ai bien peur d’être une belle enflure. Car lorsque tu t’es décidé à sauter, à l’improviste, dans le public alors que tu te faisais raccompagner et qu’arrivé en bord de scène, tu t’es jeté, j’avoue… J’ai franchement pas cherché à te retenir. Au final, on a eu droit à la plus belle claquette qu’il m’ait été donnée de voir lors d’un concert. Nan parce que si moi, je m’écarte, c’était sûrement pas les nanas autour de moi qui allaient prendre le risque de réceptionner un mec s’étant cru au championnat du monde de plongeon en salle de concert avec élan.
J’avoue que la cruauté n’ayant pas de limites chez moi, j’en ai bien ri pendant 5 mn. Aux larmes. Heureusement, tu t’es relevé pour retourner [s]pleurer ta maman[/s] pogoter avec les autres. Tout est bien qui finit avec un gros bleu.

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Finalement, c’est une bonne énergie qui anime ce concert, le duo assure sa presta scénique sans un accroc et en déroulant l’intégralité de son album avec quelques fulgurances provoquant immanquablement quelques pogos, toujours bon esprit, dans les premiers rangs (difficile de résister aux refrains des titres tels que « Little Monster » ou encore l’énorme montée en puissance de « Loose Change »).
Disons-le, ce concert est une des toutes bonnes dates 2014 me concernant. Et c’est après quasiment une heure que le groupe achève son set sur « Out Of The Black », Mike en mode crowdsurfing et Ben debout sur sa batterie. Difficile avec un album d’assurer un rappel, pas grave, personne ne leur en tiendra rigueur tant ils auront été appliqué sur la globalité de ce solide set.

Une sincérité que l’on retrouvera même après le concert car à peine 20 minutes plus tard, alors que l’on pouvait surprendre Ben à ranger le matériel avec les roadies depuis le bar (qui est dans la salle), Mike se prêtera au jeu des photos et dédicaces avec une extrême simplicité ! Chacun aura eu droit à son petit souvenir, sa petite photo y compris moi. Quitte à refaire la photo, toujours le sourire aux lèvres. Bon okay. Je suis séduit. J’avais peur de mecs arrivés au sommet trop vite, trop fort et en fait que dalle. Ben, plus timide, se prêtera aussi au jeu avec moins d’aisance certes mais tout de même. Et si au final, on apprend que le groupe n’a pas donné suite à notre demande d’interview, c’est surtout parce qu’il a un peu trop profité de sa date à Rouen la veille. Preuve que le groupe se soucie de chaque date, les 3 dates prévues plus tôt dans la semaine en Angleterre et annulées avaient été reprogrammées aussi sec. Classes jusqu’au bout. En tout cas, on est conquis et on sort de la salle avec le sentiment d’avoir été extrêmement privilégiés ce soir.

Pour finir, je remercie Arnaud de Warner pour l’accréditation, la salle du Grand Mix pour ce beau coup et l’accueil infaillible. Et bien évidemment, merci aux copains présents ce soir-là qui ont rendu tout ça encore plus cool (Lolu, Benji, David, Raphaël et Coralie).

SETLIST
Hole
Come On Over
You Can Be So Cruel
Figure It Out
You Want Me
Better Strangers
Little Monster
Blood Hands
Careless
Ten Tonne Skeleton
Loose Change
Out Of The Black