EZ3kiel ✖︎ Akwaba ✖︎ Châteauneuf-de-Gadagne

« Battlefield » est tellement excellent que le simple fait de rater EZ3kiel en concert relèverait de l’hérésie pure et simple. Bénie soit mon âme, les tourangeaux étaient de passage le 7 mars dernier à l’Akwaba de Châteauneuf-de-Gadagne (8-4, ouais ma gueule !), bravant le mistral et le froid glacial pour présenter pour la première fois dans le sud leur nouveau spectacle, sonore et visuel.

Mais avant d’assister à la performance des virtuoses, le label Jarring Effects avait pris le soin d’envoyer un(e) autre artiste de son écurie : R-Zatz. Elle aussi a été chroniquée dans nos pages html, seulement voilà, peu de gens dans le public ont dû s’attarder sur son excellent premier album, et l’accueil réservé à la musicienne, accompagnée pour l’occasion d’une chanteuse-bassiste et d’un VJ, s’est avéré plus que houleux. Peu d’attention, des applaudissements polis, et un exode vers le bar de la salle n’ont pas rendu la tâche facile aux musiciens, qui, en plus d’hériter d’un son approximatif, ont livré une prestation bien pâle en comparaison de la richesse et du dynamisme du CD. J’espère néanmoins les revoir dans de meilleures conditions avec, pourquoi pas, un public acquis à leur cause. Car je maintiens que sur disque, R-Zatz, c’est magique.

Rapide changement de plateau, et EZ3kiel arrive, devant une salle pleine à craquer. Les premières notes de la surpuissante « Adamantium » retentissent, les vidéos -projetées sur une toile géante derrière le groupe- s’enclenchent, et c’est parti pour plus d’une heure d’un live énorme, carré et mené de main(s) de maître(s). Les illustrations / images de synthèse sont en parfaite osmose avec la musique, et Yann Nguema démontre qu’en plus d’être un bassiste de talent, il est un grand graphiste. Le mec aura le sourire aux lèvres toute la soirée (ça se comprend, une assistance aussi réactive au son -et à l’image- ça fait forcément plaisir). La frappe chirurgicale du Matthieu Fays est à saluer, tout comme la confrontation entre ses martellements de fûts et les réactions instantanées de la batterie virtuelle / digitale présente sur la toile lors de « Break or Die« . Le nouveau venu, Stéphane Babiaud, semble possédé par les compositions, avec son expression faciale tendue, tel un lémurien qui aurait ingurgité une dose élevée de LSD. Que ce soit aux percussions, au xylophone ou au chant (terrifiant sur la très extrême « Firedamp« ), il s’est montré parfait, et semblait appartenir à l’aventure musicale depuis de longues années. Quant à Joan Guillon, il reproduit parfaitement les nouvelles ambiances « electro-post-rock », ne lâchant sa guitare pour les claviers que pour faire résonner les deux perles de l’album « Barb4ry« , la mythique « Versus » et l’excellentissime « Sûrement« , hypnotique et saturée à souhait. Mise à part ces deux titres et un « Jah’s Hardcore » de la première époque, la quasi-intégralité de « Battlefield » a été interprétée, pour le plus grand bonheur des nouveaux amateurs du groupe… Et même pour les anciens.

Musique électronique de première classe, indus, post-rock, et souvenirs dub d’origine, avec une interprétation solide : EZ3kiel a régalé le peuple d’une telle force, que de ne pas les revoir une seconde fois relèverait de l’hérésie pure et simple (j’l’ai déjà vu quelque part, cette phrase). Une grande soirée, et un public conquis. Définitivement, EZ3kiel est une grand groupe.