Rarement l’excitation a été aussi considérable à l’approche d’un concert parisien. Force est de constater que plus les années passent, plus on a l’impression d’assister à des défilés de poseurs et autres touristes sur la scène punk et hardcore mainstream qui te gueulent dessus parce que tu as le malheur de vouloir t’amuser sur ton groupe préféré. La venue d’un phénomène comme Dropkick Murphys accompagné par les excellents Against Me! ne se manque pas et c’est un bataclan plein à craquer qui accueille l’affiche de ce soir.
Je sors les vieilles grosses vans gracieusement offertes par nos partenaires (le pro modèle [team]Ross[/team] serait en préparation), une veste déjà bien achevée et on y va. Contrairement à un rendez-vous avec une charmante demoiselle, sortir les grosses chaussures et une veste déjà morte est un gage d’appréciation pour un concert.
Deadly Sins, groupe de punk américain au chant féminin commence dès l’ouverture des portes. En bon chroniqueur j’arrive en retard, les échos sont tout de même plutôt bons : ils ont bien fait leur boulot de groupe d’ouverture. On préférera toujours ça à un groupe de la nouvelle vague française supposant jouer du punk (on se rappelle de Bratz en ouverture pour Iggy Pop en 2006, qui étaient… difficile à supporter tout en restant un bon défouloir).
Against Me! entre en scène aux abords de 20h00 avec leur punk rock très brute, tout comme leur set. Le travail au niveau des lumières est des plus sobres, des spots blancs la plupart du temps. Inutile de préciser que comme à leur habitude, ça a la patate ! La setlist est en grande majorité composée de chansons extraites de leur dernier effort New Wave, le plus rock de leur discographie, et délaisse donc des chansons punks efficaces telles que Cliché Guevara ou Reinventing Axl Rose. Un set intense qui donne une légère impression de relâchement vers la fin sans pour autant ennuyer. L’énergie transmise n’est pas le fruit du jeu de scène du groupe mais de son aptitude à donner un live hors du commun, la voix très rocailleuse de Tom y étant probablement pour beaucoup. On apprécie aussi le grand investissement de ses deux acolytes au niveau des voix qui ne se cantonnent pas à effectuer de simples chœurs. Le public est trop peu réceptif à l’excellent quatuor de Floride, les chansons choisies n’étant pas forcément adaptées à un public comme celui présent contrairement à celles de leur enregistrement live «Americans Abroad ! Live in London ! » par exemple.
Ce soir les horaires sont très strictement respectées et c’est donc à 21h00 pétantes que les lumières s’éteignent pour laisser place à « The Foggy Dew », un classique Irlandais très calme. Les fameux « Lets Go Murphys » s’emparent de tous pendant quelques longues minutes, l’atmosphère est très puissante et l’excitation se ressent. Le concert commence tout comme The Meanest Of Time avec « Famous For Nothing » et autant dire que la fosse démarre de plus belle ! Pas le temps de se retourner ni même de lever la tête, la fête a déjà commencé et il ne faut plus trop compter retrouver ceux avec qui on est arrivé.
Près d’un tiers du set est extrait de ce dernier album et le groupe manie avec perfection des passages plus calmes et ceux clairement punk de façon à pouvoir se reposer de temps en temps.
On regrette la non présence du Kid, guitariste fou ayant quitté la bande de Boston 6 mois de cela remplacé par Tim Brennan (accordéon, mandoline…) qui prend la 2e guitare, ce dernier lui même remplacé par des membres du staff ; aucun soucis n’est cependant à signaler. Ca bouge beaucoup sur scène, son plan ne semblant pas être respecté et il n’est pas étonnant de voir Ken Casey, emblématique bassite / chanteur, changer constamment de micro.
Comme insinué dans l’introduction, le public est bon et très éclectique, aucune trace de supériorité, tout le monde est égal dans les pogos et il n’est pas choquant de voir des kids de 15 ans aux côtés d’habitués la trentaine dépassée. On est à un vrai concert de punk, la pose n’a pas sa place et les mouvements de foules sont assez violents mais terriblement efficaces.
On apprécie l’enchaînement de bonnes vieilles chansons qui ont fait le succès de la bande et dont on ne s’attendait pas forcément comme « Caught in a Car » et « John Law ». La culte « Boys On The Docks » créée une certaine folie, on regrette seulement qu’Al Barr ne partage pas son micro comme à son habitude ce qui n’empêche que les paroles sont connues à la perfection par le pit, ça change et donne le sourire !
Les nouvelles sont tout aussi bien acceptées par le public, qu’elles soient folk (« Fairmount Hill ») ou bien punk (« Shattered », « Vices And Virtues »…). C’est bien toute la puissance du set, le folk s’incruste entre ces hymnes punks sans pour autant choquer ou ennuyer.
« The Dirty Glass » laisse place à Stephanie Dougherty de Deadly Sins qui s’empare très naturellement de la scène, on ne doute alors pas une seconde des compétences de son groupe manqué par une très grande majorité. Peu de temps après commence « Kiss Me I’m Shitfaced » et on ne change pas ce qui marche, le groupe fait monter les demoiselles sur scène toujours dans une ambiance aussi décontractée avant de lâcher les instruments et partir.
Et alors qu’on s’attend à un retour en fanfare sur « For Boston », c’est « I’m Shipping Up To Boston » qui marque le retour sur scène des américains et « Baroom Hero » est le signal pour les hommes de monter sur scène. C’est l’apocalypse et le staff a presque du mal à protéger le matériel : c’est un beau bordel ! S’enchaînent « Skinhead on the MTBA » et « Citizen CIA » ce qui ne calme pas les esprits avant que le groupe se retire en même temps que les fans qui auront partagé ce sentiment unique. On regrettera l’oubli de certaines chansons comme justement « For Boston » ou « The Warriors Code » mais comment oser critiquer une telle soirée ?
Il est 22h30, tout le monde est aussi trempé qu’après un concours de tshirt mouillés (miam), ce qui résume très bien la situation : une soirée intense où les Dropkick nous ont prouvé une nouvelle fois leur maîtrise du spectacle. C’est une référence absolue et ce n’est pas pour rien que les salles s’agrandissent pour eux au fil des années. Zenith en 2010 ? Sans aucun doute !
LETS GO MURPHYS !
Setlist (merci à Arnaud) :
Intro
Famous For Nothing 2007
The State Of Massachussets 2007
Johnny I Hardly Knew Ya 2007
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Black Velvet Band 2003
God Willing 2007
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Amazing Grace 1999
(F)lannigan’s Ball 2007
Vices And Virtues 2007
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Curse Of A Fallen SOul 1999
Loyal To No One 2007
Which Side Are You ? 2001
Finnegan’s Wake 1998
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Fields Of Athenry 2003
Tomorrow’s industry 2007
Caught In A Jar 1998
John Law 1998
Workers Song 2003
The Wild Rover 2001
Boys On The Docks 1998
Echoes On « A » Street 2007
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The Dirty Glass (avec Stephanie Dougherty de Deadly Sins) 2003
Fairmount Hill 2007
Captain Kelly’s Kitchen 2005
Kiss Me I’m Shitfaced 2003
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I’m Shipping Up To Boston 2005
Shattered 2007
Barroom Hero 1998
Skinhead on the MTBA 1998
Citizen CIA 2005