Federal est le projet-solo d’un emokid from Orléans qui, muni d’une simple demo et de sa guitare accoustique, se voit déjà offerte l’opportunité d’aller enregistrer aux Etats-Unis un album avec l’un des plus grands producteurs de la scène emo. Rencontre, en ce bel après-midi ensoleillé, avec le principal intéressé. « Attention Talent » comme le dirait une célèbre chaîne de megastores.
Peux-tu brièvement présenter Federal?
Je m’appelle Youri, j’ai 25 ans et Federal est donc le nom de mon projet solo où je joue de la guitare, du piano -même si sur scène je joue essentiellement avec ma guitare-, autres instruments et chant bien sûr.
Un nom de groupe pour un projet solo, ça veut dire quoi?
(rires) En fait j’ai beaucoup de mal avec les gens qui font de la musique en solo et qui utilisent leur nom. Primo parce que ça peut poser énormément de problèmes légalement; tu peux te retrouver sans avoir le droit d’utiliser ton nom si jamais tu signes un contrat stupide, que ce soit officiel ou plus officieux. Ce qui est quand même super impressionnant… Et puis ça m’embêtait d’utiliser mon propre nom: c’est pas super parlant pour les auditeurs. Je n’aurais pas envie d’écouter un mec qui se plaint sous son propre nom ou qui raconte des bouts de vie, alors que j’aurais plus de facilité à faire une sorte de mimétisme si c’est un nom de groupe. C’est plus abstrait, moins précis.
La comparaison avec des songwriters axés emo, comme Dashboard Confessional ou Online Drawing, ça te flatte?
Disons que la comparaison avec Dashboard, déjà, est assez anachronique, à partir du moment où j’ai commencé à faire ce que je fais alors que je ne connaissais pas Dashboard Confessional; donc il n’y a pas de raison que j’y sois affilié en terme d’influence. Mais on a effectivement le même background musical même si son milieu est plus hardcore. On partage les même références musicales donc on peut comparer avec ce qu’il faisait avant. Et pour Oneline Drawing, même si je préfère ce que faisait Jonah Mantraga dans Far, on peut comparer même s’il utilise des boucles et des boîtes à rythmes. Mais ça me flatte pas plus que ça, le fait qu’on me compare avec des mecs qui jouent seuls avec une guitare, parce qu’après on pourrait me comparer avec, au pif, Tété…
Mais vous avez en commun la veine emo…
Ben, pour moi ça veut pas dire grand chose.
On va en reparler. Ta première expérience studio avec Federal date de ta première demo, « Things You Wish You Could Say But Sometimes Can’t« ?
Exactement, ce qui à l’époque ne devait être qu’une demo de démarchage pour faire des concerts. J’ai enregistré six morceaux, composés après le split de Jellylike6 (NDA : précédent groupe de Youri, où il officiait en tant que chanteur-guitariste, proche musicalement de Second Rate), dans un esprit de continuité afin de garder une trace au cas où… Et comme le projet me tenait à coeur, c’est passé à l’état de demo, de maquette à celui de EP, même si le son est absolument exécrable.
Justement, ce son, c’est pas un petit peu fait exprès?
(rires) Oui et non. J’ai disposé de 6 heures dans un studio d’une école de musique à Orléans, c’était super speed et le son en est la résultante. Et effectivement, il y a ce côté où l’on ne voulait pas faire un truc super perfectionné, assez épuré. Même si aujourd’hui, en ayant une autre approche, c’est complètement différent.
Parle-moi de tes influences, j’ai lu comme quoi elles étaient super larges, quoique super bien…
(rires) C’est clair. Etant petit, mes parents m’ont fait écouter les Beatles, Beach Boys, ABBA, j’ai donc assimilé certaines mélodies et une façon de confectioner les chansons de manière super pop. Ensuite la brit-pop, avec Elliot Smith, Teenage Fan Club, Oasis. Et après, il y a le côté Ouest Américain avec Green Day, NOFX, Weezer : je suis ultra fan de toute la power-pop américaine. Même les Fountains Of Wayne qui passent maintenant à la radio en France et qui faisaient quelque chose de carrément mieux il y a dix ans.
J’ai lu aussi Thursday, Taking Back Sunday…
C’est vrai, et comme tu l’as dit, c’est vraiment éclectique, mais c’est ce qu’il y a de mieux comme ouverture musicale. Si tu te cantonnes à un seul genre, t’es mort. Moi je suis super accro à des trucs écrits avec les tripes, et Thursday, que ce soit pour le côté militant ou pour le côté musical, leur sincérité énorme me plaît.
Ton travail de composition, il se passe comment?
La conception de jouer seul et en accoustique est différente de celle que j’avais avec le groupe Jellylike6. Il faut apprendre à ne pas faire trop de concessions une fois jouées en concert. Aujourd’hui, j’écris de manière suivante; ça me plaît, je garde; sinon je jette. Tout le temps à la recherche d’une mélodie qui me plaît.
Tu pars bientôt enregistrer en studio aux U.S.A. avec Ed Rose?
Oui, à Eudora, pas très loin de Kansas City. Je pars le 3 avril.
Comment l’as tu rencontré?
Et bien écoute, le plus bêtement du monde. J’ai envoyé la demo à l’homme qui avait bossé avec groupes que j’aimais beaucoup, que ce soit les Get-Up Kids ou The Beautiful Mistake. Je ne lui ai envoyé qu’à lui, attendant juste un avis et des retours qui colleraient avec ce que moi j’attendais. Je fais moins le malin maintenant… Même si en terme de logistique c’est simple, je pars seul -en fait accompagné par quelque personnes- avec ma guitare, quoique ça n’est pas tellement si simple de voyager en avion avec une guitare, surtout maintenant. J’aurais été stupide de refuser, que ce soit par conviction indé ou par manque d’envie ou de motivation. Je sais qu’il est très exigent, très professionnel, on verra bien! Je pars 15 jours à Eudora, et ensuite à New-York pour le mastering avec Alan Douches qui a travaillé avec Romeo Is Bleeding, Cave In, Snapcase, H2O, des trucs de dingues!
L’album semble déjà bien avancé, tu as déjà un titre, The Unchoice Of Defenses ?
Oui, il représente une synthèse de toutes mes chansons, des moment de vie, les 10 à 14 pistes qui seront enregistrés. 14 morceaux sont déjà susceptibles d’être enregistrés.
Il y aura des invités?
Alors j’enregistrerai tout seul mes parties guitare, piano, chant, tout en me faisant des plaisirs personnels: je vais jouer du melodica, un croisement entre une flûte et un accordéon, et du xylophone. Et il va y avoir des « invités »: un ensemble de cordes par des étudiants de l’Université de Kansas et un featuring: une fille qui viendra chanter. Je souhaite quelque chose de vrai, de sincère, pas organique et fait par des ordinateurs.
Tes plus grosse ambitions? Réussir aux Etats-Unis?
C’est clair que ça me plairait, mais avant tout c’est me faire plaisir.
Maintenant des questions plus personnelles: définition pour toi de ce qu’est l’emo?
Comme je te le disais tout à l’heure, ça ne veut plus dire grand chose pour moi. Tout le côté aujourd’hui commercial de la chose, avec l’imagerie qui va avec, n’a plus de rapport avec le sens original de « l’étiquette ». Je me retouverais plus dans ce que l’on appelle la scène indé.
Album / groupe / chanson / film / livre cultes?
Alors l’album, sans hésiter « »Pinkerton« » de Weezer, le disque à posséder absolument. En ce moment, j’écoute l’excellent dernier Elevate Newton’s Theory. Le groupe, je te les ai tous cités, il n’y en a pas un en particulier. Pour la chanson, là c’est plus dur.
Pour toi ça serait laquelle?
« 1992 » des Dead Pop Club. C’est vrai, tout comme « Save The Last Dance« , hommage aux Ramones (NDA:Youri portait d’ailleurs un t-shirt arborant le fameux emblème du groupe). Je dirai « Basket Case » en fait, je crois, de Green Day. Mon film culte reste The Goonies (NDR : excellent film de Richard Donner, écrit par Steven Spielberg) Et aussi le travail des frères Naudet qui ont réalisé le doc où ils filmaient l’équipe des Pompiers de N.Y. le 11 septembre. Enfin je lis en ce moment « Revolution on Canvas« , un recueil de poèmes écrits par les membres de Finch, NOFX, A Starting Line… Très bon livre, je te le conseille!
Quelle est selon toi la question la plus emo que j’aurais pu te poser, et donc la réponse la plus emo que tu m’aurais donnée?
(rires) Ca serait que tu me demandes d’expliquer un passage particulier d’une chanson, ce que cela signifie exactement. Et je répondrais alors que cela raconte comment je me sentais après avoir rompu avec une de mes ex… Là on est en plein dans le cliché emo, avec la mèche sur le front et le t-shirt piqué au petit frère! (rires)
Enfin, avant de te laisser le mot de la fin, j’ai une requête à te demander : si tu vois là-bas les The Get Up Kids, pourrais-tu leur demander de passer jouer en France?
Ecoute, je ne peux pas te le certifier, mais on m’a dit qu’ils auraient prévu d’y jouer une date… Mais je pourrais toujours les relancer…
Le mot de le fin, pour les internautes?
Et bien, allez régulièrement sur mon site (www.Support-Federal.com) où je mettrais en ligne un journal de bord de studio, des photos et même des vidéos lors de ces 2 semaines passées à Eudora. Et n’hésitez pas à laisser un mot sur le guestbook, ça fait toujours plaisir. Et merci à toi!
Merci à Youri et à Guillaume, son manager.