Première interview exclusive en France d’un groupe très prometteur. Découverts l’an dernier par bon nombre d’Européens lors de leurs concerts d’ouverture pour Billy Corgan, Gliss commence à se faire un nom, doucement mais sûrement. Apprenant leur passage au grand Mix de Tourcoing par l’intermédiraire de leur label, je me décidais donc à saisir ma chance afin de rencontrer ce groupe que j’appréciais tant. Le groupe allait jouer l’ouverture du groupe anglais The Editors aux côtés de Pillow. C’est donc dans une petite pièce du Grand Mix et juste avant leur montée sur scène que j’allais discuter avec Victoria, Martin et David.
Pouvez-vous vous présenter aux français qui ne vous connaissent pas encore ?
David : Ho mon dieu !
Martin : (rires)
David : Qui nous sommes nous ou…
Comment définiriez-vous le groupe Gliss en fait ?
Martin à David : comment définirais-tu Gliss…
David : Très sexuel…
Martin : (rires) Ouais, sexuel ! Celle-là, tu la tiens de moi cette réponse !
David : Sombre mais toujours en mouvement. Quand je dis sombre, ce n’est pas dans le sens où tu es seul dans ta chambre, et tu veux mourir…
Martin : Oui, c’est ça… Sombre, mais quelque chose d’intime, tu sais, c’est très organique, c’est « vivant ». Nous sentons quand ça « fonctionne », on continue alors et on avance dans cette voie.
Oui, je suis assez d’accord avec cette définition, vous avez ce son si particulier qui tient pas mal à la voix unique de Martin d’ailleurs, ce qui plaît ou déplaît.
Martin : Effectivement mais heureusement, il y a des personnes à qui ça plaît ! (rires)
Quelles sont vos influences musicales ?
Victoria : On écoute de tout et beaucoup de musique, du jazz, de l’électro. J’aime Björk, Radiohead…
Mais quelles seraient les racines du groupe, quel style pourrait définir Gliss ?
Victoria : C’est une sorte de rock !
David : Ça, c’est une question difficile !
Victoria : C’est le rock de Gliss ! (rires du groupe)
Certains journalistes ont dit que c’était psychédélique, un peu pop 80’s..
Victoria : Ho oui !
Je pense que c’est un plus un ensemble…
Martin : Oui, tout à fait ! C’est vraiment un ensemble d’influences.
Il est vrai que je me demandais comment vous définiriez vous-mêmes ce son.
Victoria : Je ne pense pas que l’on y réfléchisse trop, nous essayons juste des choses, nous ne suivons pas une seule piste, ce que nous ressentons, c’est ce que nous faisons ! C’est pourquoi nous utilisons parfois une boite à rythmes et d’autres fois une vraie batterie par exemple.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Parce que je sais qu’il y avait un line-up différent dans lequel Martin chantait déjà…
Martin : Oui, David et moi jouions déjà ensemble et les autres se sont « éloignés », on a donc traîné ensemble durant quelques mois. Victoria jouait avec un groupe là où nous habitons et nous pensions auditionner des batteurs. Nous sommes donc allés lui parler, elle n’était pas trop sûre et nous avons commencé à auditionner avant qu’elle ne change d’avis et lorsque nous avons fait un essai, ça a vraiment fonctionné et même au-delà de nos espérances ! Nous avions prévu un show accidentellement avant son arrivée mais on est tout de même allés le faire avec elle et nous en étions satisfaits, nous nous sommes donc dits que ce ne serait que nous trois, on a continué ensemble à partir de ce moment et on ne s’est plus ennuyé à essayer de trouver d’autres personnes…
Victoria : …Car nous avons pensé que si ça fonctionnait pour un show, ça pouvait fonctionner pour mille.
En tout cas, c’était surprenant de voir l’évolution de son entre le premier CD sorti par Gliss, avec le line-up originel et l’EP « A Kick In Your Heart », il y a un réel changement…
Martin : Oui, c’est vrai !
Comment en êtes-vous arrivés à ce changement…
Martin : …Si radical ? Pour moi, je devais abandonner l’idée de « vision », j’avais juste besoin de laisser les choses se faire, d’écouter l’avis des autres. On a donc commencé par improviser énormément entre nous et l’esprit du groupe, actuel, s’est développé de lui-même…
David : Tu sens quand les choses sont bonnes, tu continues encore et encore ! On a donc laissé tourner les bandes d’enregistrements…
Martin : Oui, on a laissé les choses se faire, on ne s’est pas fixé une ligne de conduite de choses à faire ou ne pas faire. Donc, ça s’est juste fait et on a continué comme ça. Nous n’avons rien joué de précis, les choses ont juste commencé à coller d’elles-mêmes et nous avons enregistré assez rapidement ! Les choses n’ont pas demandé autant d’efforts qu’elles auraient pu sembler le nécessiter ! (rires)
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prochain album qui sort…
Victoria : En mai…
Martin : Nous en sommes au stade où nous choisissons les morceaux qui figureront dessus, nous avons à peu près 25 chansons…
Victoria : Nous testons encore sur scène de nouveaux morceaux d’ailleurs pour savoir lesquels figureront dessus…
Et y retrouverons-nous des morceaux tirés de l’EP « A Kick In Your Heart » ?
Martin : On en retrouvera sûrement une ou deux.
Une ou deux seulement ?
Martin : Probablement !
Victoria : Nous avons tant de nouvelles choses aussi… Les gens veulent entendre de nouveaux morceaux du groupe !
Super ! J’en suis vraiment content mais à la limite, c’est surprenant car le premier CD était vraiment intéressant mais reste difficile à se procurer (surtout en France).
Martin : En fait, ce que j’espère avec ce CD, c’est déjà en reprendre 1 ou 2 morceaux pour le nouveau mais surtout que « A Kick In Your Heart » soit à nouveau distribué et que tout le monde puisse se le procurer facilement. C’est ça le plan !
Par contre, ce qui m’étonne aussi, c’est de voir que vous avez du mal à être distribué, surtout en France, alors que vous avez tourné avec Billy Corgan l’année dernière, personne pour vous faire un peu de promo…
Martin : Mais ça va changer… Déjà avec ton aide ! (rires)
Ha mais j’espère bien vous aider autant que possible ! Sinon que comptez-vous faire pour les prochains mois ? Je sais qu’il y a beaucoup de concerts en vue, vous êtes en tournée avec The Editors jusque mars, avez-vous planifié un retour aux États-Unis dont vous êtes principalement originaires (il faut savoir que durant l’année écoulée, le groupe a énormément tourné en Europe)…
Martin : Effectivement, nous retournons en Angleterre jusque mars, nous allons donc tourner 6 semaines et ensuite nous retournerons sûrement aux États-Unis enregistrer 2-3 titres car nous allons faire un festival appelé « South By South West » (http://2006.sxsw.com) , tu connais peut-être ?
Non, pas vraiment…
Victoria : c’est une sorte de vitrine du Texas.
David : C’est un festival regroupant pas mal de choses… Cinéma, musique…
(On frappe à la porte, le groupe est prié de se préparer à entrer sur scène, le groupe Pillow finissant son set… Nous décidons donc de reprendre l’interview ensuite. Après un set court mais intense qui aura encore fait son nombre d’émules, je retrouve Victoria à la table de merchandising pour discuter un peu, pendant que mon cher ami GlaceJoe descend les réserves de bière du Grand Mix, nous discutons même de Billy Corgan décrit comme quelqu’un de très cool et très sympa, je n’en ai jamais douté personnellement ! Arrivent ensuite Martin et David pour la fin de l’interview.)
Pourriez-vous nous dire pourquoi vous passez d’un instrument à l’autre pendant les concerts ? Beaucoup de musiciens jouent de différents instruments mais s’en tiennent à un sur scène généralement….
David : C’est plus fun ! (rires)
Martin : Nous ne voulons pas nous soumettre à l’instrument, on est aussi là pour passer du bon temps alors, on en profite.
Victoria : C’est toujours intéressant, d’autant plus que ça nous permet de garder ouvertes des perspectives pour plus tard. Cela permet de se créer des opportunités en termes de recherches et d’influences.
Où vous sentez-vous le mieux accueilli et le plus reconnu ?
Martin : Nous sommes assez chanceux de ce côté-là ! Nous sommes bien accueillis partout mais je pense que nous avons plus de reconnaissance en Europe actuellement.
Pour y revenir, la tournée avec Corgan a dû pas mal aider, n’était-ce pas
trop dur d’ouvrir pour lui d’ailleurs ?
Martin : Non, pas du tout, c’était même génial d’ouvrir dans des salles aussi grandes et bondées, les gens étaient toujours très sympas.
Que diriez-vous à nos lecteurs pour les convaincre d’écouter Gliss ?
Martin : Juste de donner une chance au groupe en espérant que notre musique saura les toucher.
Un dernier mot ?
Martin : Stay gold !
(Là, un quiproquo commence car je n’avais pas bien compris Martin)
Stay « Cold » ? (NDGourou : ça vous sert à quoi les millions qu’on investit dans vos cours d’Anglais !)
Martin : Non, gold ! Avec un « g ». (Il prend ma main pour la poser sur mon coeur et répète avec un clin d’oeil) « Stay Gold ! »
Merci encore à vous pour cette interview, ce fût un plaisir de faire cette interview avec vous tous et j’espère vous revoir bientôt.
Martin : pas de soucis, nous reviendrons vite en France. Á bientôt.
Je remercie Gliss pour leur accueil plus que chaleureux, et je tiens aussi à remercier Andy du label Toughcookie pour m’avoir permis de les rencontrer.