Il y a des groupes qui, quoi qu’ils fassent, ne laissent jamais indifférent. Warsaw Was Raw en fait partie. Après avoir pris une belle claque en live, puis ruiné définitivement mes neurones en écoutant leur premier album « Chaajoth« , il devenait urgent d’en savoir plus sur le désormais trio parisien pour appréhender le phénomène. Rendez-vous a été pris dans leur local, pour une interview après une répétition tumultueuse. Au final, l’exercice s’est révélé à l’image de leur musique: Déroutante et sans concession.
Présentez-vous, pour ceux qui ne vous connaissent pas.
John: Je commence: Je suis John, je fais de la guitare dans Warsaw Was Raw.
Chuck: Moi c’est Chuck, je suis à la batterie.
Émilie: Émilie, je suis la belle plante.
Chuck, tu étais dans The Marxmallows (ndr: groupe punk rock’n roll) auparavant. Qu’est ce qui t’a poussé à t’investir dans Warsaw Was Raw et à quitter The Marxmallows ?
Chuck: Le carrierisme. Les Marxmallows ne veulent pas devenir célèbres, du coup ça m’a posé beaucoup de problèmes. Je veux pas taffer toute ma vie. Donc quand les Warsaw Was Raw sont arrivés avec leurs morceaux de punk ringards, je me suis dit que j’allais jouer avec eux.
John, tu étais dans un autre groupe également ?
John: J’ai joué dans Quartier Rouge à la batterie, il y a un peu plus d’un an et dans HKY. D’ailleurs ces deux groupes vont sortir des disques dans pas longtemps, c’est bien, parce que sinon je n’aurais pas joué avec eux. Sinon, à l’heure actuelle comme Chuck je me concentre sur ma carrière, et je ne joue plus que pour Warsaw Was Raw.
Et toi Émilie, quel est ton parcours ?
Émilie: Je suis également dans un groupe d’électro-punk en même temps que Warwaw Was Raw. Moi, ce qui m’a poussé à jouer avec eux, c’est la drogue…
John: La drogue dure.
Émilie: La drogue et le rock’n roll.
John: On est des petits joueurs à coté d’elle.
Vous trouvez que vous avez un coté rock’n roll ?
Émilie: Non, pas du tout ! (Rires)
John: Tout est relatif. Je crois pour pour Einstein je suis peut-être un peu rock’n roll.
Vous avez fait une tournée commune avec The Locust. Comment s’est passée la rencontre ?
Chuck : Par Meetic.
John: (Rires) ça s’est passé tout seul, en discutant tout simplement avec Justin (ndr: Pearson, chanteur et bassiste de The Locust) après un concert. C’est un type bien, il se souvient des gens avec qui il a pu avoir une discussion.
Chuck: Il passe souvent, on a l’occasion de se voir.
John: Petit à petit, nous nous sommes liés d’amitié et je lui ai fait écouter notre disque. Il l’a bien aimé spontanément et il voulait qu’on joue avec des groupes dans lequel il jouait. Mais on ne pensait pas à The Locust !
Chuck: Il nous a proposé de but en blanc de jouer avec eux, on a dit oui tout de suite.
Ça n’a pas tendance à tétaniser de jouer avec un groupe qui fait partie de vos inspirations ?
Chuck: Non, parce qu’il ont un approche détendue de leur musique.
John: Il ont les pieds sur terre.
Chuck: Ils ne se comportent pas différemment que d’autres groupes avec lesquels on a joué et qui ont un niveau moins reconnu, ils sont tout à fait normaux.
Émilie: Ils ne sont pas pédants.
John: Mouais, ça s’est plus un défaut qu’une qualité. Ce que j’ai décelé chez eux, c’est une approche qui va toujours vers l’avenir, à la quête de nouvelles choses. C’est pour ça qu’ils produisent autant, c’est parce qu’ils ne préoccupent pas d’autre chose que d’aller vers l’avant. C’est plutôt un bon exemple.
Chuck: Vers l’avenir, mais aussi vers l’extérieur. Ils collaborent avec beaucoup de groupes différents. Le batteur et le guitariste de The Locust ont fait des pistes en concert pour DJ Urine avec lequel on a joué à Londres et à Paris, au Nouveau Casino. Ils tissent facilement des liens avec les gens.
John: Ils nous ont déjà proposé de retourner à Londres. S’il y a d’autres occasions qui se profilent, on sera là, on l’espère.
Comment composez-vous ?
John: Comme tu as pu le voir à la répète’ aujourd’hui, on est souvent en train de travailler notre façon de composer. On essaie de s’adapter, s’écouter, d’arriver à quelque chose où on pourra tous s’exprimer pleinement, mais ça demande du temps, de l’investissement et je pense qu’on en est encore qu’au début. En ce qui concerne les vieux morceaux, c’était vraiment spontané, dès les premières répètes on les avait mis en place, en les faisant tourner pour le fun. C’est à partir du moment où Émilie et Amélie sont venues chanter avec le groupe qu’on s’est mis a vouloir jouer plus carré pour faire un truc bien. Et puis après, par les rencontre, où la maturité on a envie d’aller vers quelque chose d’autre, on va tout faire pour y arriver.
Chuck: Le fait d’être réduit à 3, on a d’autant plus envie que les chose se passent de manière égale, que chacun ait sont mot à dire sur ce qu’il a envie dans une certaine mesure. C’est ça qui n’est pas facile à ajuster. On va prendre l’idée d’un des membres du groupe et puis essayer de la développer. Je peux avoir des idées rythmiques de mon coté, mais ça ne va pas être très parlant tout seul. Les idées de voix, c’est pareil, ça demandera arrangement.
John: Ce qui est intéressant dans la composition, c’est tous les aspects surprenants que ça peut voir. Des fois ça prend vraiment beaucoup de temps, d’autres fois en quelques heures tout peut mettre en place. Il y a une part de jeu, de magie dans la composition.
Chuck: Il faut que ça décante, et puis parfois il y a des erreurs qui peuvent nous surprendre et au final ajouter des éléments intéressants.
C’est par difficulté de composition que vous êtes passé de 5 à 3 membres ? (ndr: A ses débuts, le groupe comptait également Koj à la basse et Amélie au chant)
John: On avait des difficultés à mettre en place un énergie communicative pour composer du au fait qu’on arrivait jamais à se retrouver pour répéter et qu’on éprouvait des difficultés à caler les premiers morceaux ou à partager les univers. Écrire des morceaux et faire de la musique, ce n’est pas juste connaître pleins de groupes ou avoir bon goût, c’est aussi pouvoir mettre la main à la pâte. On préféré réduire comme ça parce que c’était le noyau dur du groupe.
Comment vous accueille le public, notamment sur les dates ou l’affiche est éclectique ?
Chuck: Ça dépend. Parfois, tu va jouer avec des groupes au style similaire à toi, et tu vas tomber sur des gens qui vont être soit blasés soit à 100% dedans. D’autres fois tu vas jouer dans un concert éclectique comme celui qu’on a fait au Klub (ndr: avec entre autres Papier Tigre), et tous les gens qui étaient là se sont bien amusés avec tous les groupes. Sur une affiche bigarrée, ça passe du coq à l’âne, ça donne une fraicheur à chaque groupe que les gens vont apprécier. Mais bon, il y aura toujours les gens qui sont venus pour un groupe, et avec lesquels ça ne marchera pas.
John: C’est ce qui est bien dans le processus créatif, on essaie de forger une identité qui permette de jouer avec tout groupe. On avait pas le sentiment avec The Locust de jouer le même style de musique. C’est pas qu’une question de tempo ou de son. Il y a aussi une intention derrière une musique. C’est pour ça que j’ai l’impression qu’on n’a jamais joué avec des groupes qui faisaient une musique similaire à la notre.
Chuck: Ca dépend de ce que tu entends par similaire. Quelqu’un qui nous voit jouer avec Brume Retina peut penser que ce sera le même style, même si quelqu’un d’autre ayant une connaissance plus approfondie des groupes trouvera une différence énorme. Plus globalement, dans les concerts variés, les gens qui viennent on une curiosité accrue.
John: On apprécie les groupes qui ont une démarche personnelle vraiment sentie, parce que ça entraine un public qui a une certaine ouverture d’esprit, ce qui facilite la rencontre. On est parfois très surpris par la réaction des gens vis à vis de notre musique. Je connais quelques personnes qui n’écoutent pas du tout ce style de musique, et qui ont apprécié certains aspects de ce que nous faisions, des aspects auxquels des habitués ne font pas attention. Il ne faut pas que la musique reste cloisonnée, il faut la faire se confronter, la sortir.
Vos projets pour 2009 ?
John (en souriant): Trouver un logement.
Chuck: Faire des concerts et enregistrer un nouveau disque.
John: Composer, se faire plaisir… Apprendre à composer ensemble…
Chuck: Apprendre à jouer !
John: Voilà, apprendre à jouer et à chanter. Sinon, on va se concentrer sur un nouveau set, et puis on verra après pour re-attaquer les concerts.
Merci à Chuck, John et Émilie pour cette interview.