On les a exploités gratuitement et comme toute bonne entreprise qui se respecte, on se devait de les exploiter un peu plus encore avant de leur dire d’aller se faire voir ailleurs. Nos amis Axel et Greg de Radius System ont donc accepté de se laisser abuser une fois de plus par le webzine tout rouge en acceptant de répondre à nos questions (même les plus pourries) par téléphone. Une interview qui fût longue (et j’espère douloureuse) pour eux mais surtout très plaisante pour moi. Comme toute première fois quoi.
Salut à vous deux, alors ma première question va être très terre à terre mais comment présenteriez-vous l’entité Radius System aux lecteurs qui auraient jusqu’à maintenant esquivé notre propagande à votre propos sur VisualMusic ?
Gregory Hoepffner – (Rires) C’est pas faux ! On va dire qu’on n’est pas un groupe, enfin on ne dira plus un groupe maintenant…
Axel Dallou – Plutôt une entité.
Greg – Un duo rock alternatif peut-être expérimental de par les recherches sonores effectuées, avec un goût pour la musique électronique en fait et beaucoup d’influences visuelles !
Alors, commençons par la question qui fâche, on vous a reprochés lors des premières chroniques un mixage de la voix un peu « faible », avec votre expérience actuelle et le recul vis-à-vis de ces critiques, on s’aperçoit sur les derniers albums que la voix de Greg est en retrait, sans pour autant sembler être un défaut cette fois-ci. Est-ce une volonté simplement mal appréhendée à l’époque par les chroniqueurs (moi y compris) ou un problème que vous rencontriez alors ?
Greg – Les deux ! C’était voulu et…
Axel – …C’était pas au point quoi.
Greg – Ouais (rires), faut quand même savoir qu’à la base, c’était Axel le chanteur principal mais…
Axel – …C’était horrible !
Greg – (rires) On va pas dire horrible mais différent (rires)… Y’avait des paroles un peu plus engagées, portées au cœur du drapeau mais bon, on était en seconde… Il était fan de Linkin Park. Sinon oui, la voix sous mixée c’est voulu, par contre, je mixe actuellement l’album de Brighton (ndr : autre projet musical de Greg avec un Myspace) qui n’a rien à voir du tout dans le domaine
Axel – Surtout que nous, on n’aime pas trop quand la voix est mixée un peu trop forte, c’est saoûlant.
Faut dire qu’en comparaison, vos parties instrumentales sont énormes, très complexes et longues…
Greg – Ouais, c’est pas juste la voix et la musique derrière, c’est vraiment un tout, une chose organique bien compacte…
Je me trompe peut-être, mais vos albums semblent habités par une mélancolie persistante mêlée à une sorte de rage intérieure explosant par moment, d’où ça vient tout ça ? Y’a un côté cathartique dans Radius System ou c’est juste votre nature personnelle qui vous pousse à y mettre vos tripes ?
Axel – En gros « est-ce que t’es comme ça dans la vie ? » (rires)
Greg – Nan mais c’est vrai, on aime bien les trucs mélancoliques, c’est vraiment par goût.
Axel – Ça tient plus de la recherche « esthétique » en fait, « Work In Progress » par exemple, je ne le trouve pas mélancolique mais noir.
Greg – Ouais c’est plutôt une douce mélancolie, une sorte de spleen, tu te sens pas bien mais tu t’y complais.
On peut dire que vous bénéficiez d’un succès critique et à priori public (et même international) et ce, depuis un petit moment déjà mais que manque-t-il à la formation pour enfin se faire reconnaître à sa juste valeur selon vous ? Parce qu’au final, vous en êtes réduits à accepter les propositions indécentes d’un webzine tout rouge mené par des corrompus se faisant de la pub sur votre dos pour sortir du son…
Greg – C’est toujours la même chose, depuis le début, c’est le live ! C’est clair et net. Le problème c’est qu’en tant que groupe, on n’était pas tous motivés de la même manière. Du coup, on faisait assez peu de concerts et j’ai aussi l’impression qu’en France, si on ne fait pas les choses dans le cadre d’une scène à la mode ou installée comme le post rock, le métal, le pop rock et que t’es un peu entre les deux, les gens te disent c’est super mais personne ne va venir te voir. En fait, les gens s’en foutent. Il nous est arrivé de jouer avec des groupes qui n’avaient rien à voir.
Axel – Des groupes super violents derrière lesquels on passait par exemple. Du coup, il nous est arrivé de jouer plein pot, d’être à fond pour nous apercevoir finalement que les gens étaient en train de s’asseoir (rires) !
Greg – Et puis y’a une différence entre le web et le monde réel, sur le web on sait communiquer, dans le monde réel, on est déjà moins conquérants. Sur le web, les gens nous disent « vous êtes géniaux » et quand il faut venir nous voir, y’a plus personne. Internet amplifie les choses.
Quel a été le retour pour le groupe après avoir filé deux skeuds, ça vous a aidés ou pas vraiment ?
Greg – Ça a pas mal aidé à nous faire connaître à l’étranger même si ça reste relatif, l’avantage est qu’il n’y ait plus de barrière, plus de frontière, tout le monde peut le télécharger, même si ça reste finalement assez concentré.
Axel – Et puis faut dire qu’il y a tellement de groupes quand tu lis un magazine ou un webzine, le nombre de chroniques par mois…
Alors à ce propos, en tant qu’indépendants, ça vous a pas fait mal au cul de filer votre travail à l’œil deux fois d’affilée ?
Greg – Alors là, non. La première fois peut-être parce qu’on espérait le sortir en physique. Mais sinon, on était super contents de le faire mais pour les prochains albums, je ne pense pas qu’on le refera parce qu’on veut évoluer. En plus, ça peut parfois donner l’impression que c’est bâclé alors que non. Dans le cas de « Escape/Restart« , par contre, on a mis plus de temps à nous familiariser avec l’idée, ça a bien dû prendre un an et demi parce qu’avant ça, on a dû envoyer l’album à une vingtaine de labels sans qu’on ait jamais un seul retour. Les morceaux allaient avoir deux ans alors on a franchi le pas.
Vous reparlez d’un support physique pour votre prochain album actuellement en préparation. Pensez-vous que le fait de proposer un packaging léché peut jouer ? Comme peut le faire actuellement Celeste, que Greg semble fortement apprécier…
Greg – Ouais ce sont des amis même. On a a fait des concerts avec eux tout ça mais leurs deux derniers albums sont bien les derniers skeuds hardcore que j’écoute encore maintenant.
… Parce que vous aviez déjà tenté le coup pour Work In Progress qui était blindé de petits bonus, y’a un vrai retour par rapport à ça ou c’est juste votre souci de bien faire qui dicte cette envie ?
Greg – Juste une envie de bien faire.
Axel – Et puis Work In Progress, les 2/3 ont été écoulés dans la famille alors le retour… (rires)
Qu’est-ce qu’on doit attendre de ce prochain album d’ailleurs ? J’imagine qu’il y aura une réelle continuité sonore entre les morceaux révélés sur l’EP et ce qui nous attend ou je me trompe ?
Greg – Oui, il y a le premier et le troisième titre de l’EP que nous allons sûrement remixer un peu, comme on apprend tous les jours, qu’on s’améliore, on a toujours envie de retravailler ses morceaux. Ce sera moins électro que Escape/Restart. Y’a bien moins de samples et pour l’instant et il n’est pas question d’en rajouter. Ce sera plus mélancolique… De super longs morceaux dans un esprit très cinématographique…
Vous en êtes où dans le partenariat avec le label web Lostchildren, vous êtes toujours en contact avec eux pour le prochain disque ou ce n’est plus du tout le cas puisque vous comptez procéder de façon plus traditionnelle ?
Greg – On les tient encore au courant… Mais Lostchildren ça s’est fait en 3 mails, très facilement mais pour la suite, à priori, non ça ne se fera pas avec eux. Je ne vais pas trop m’avancer car il y a un distributeur qui est intéressé mais bon, méfiance, il était déjà intéressé pour le précédent et ça ne s’est pas fait. Ce n’est pas la priorité pour l’instant, là on se considère un peu en pause pour éviter de faire les choses de façon mécanique, d’ailleurs si ça se trouve le résultat final n’aura rien à voir avec ce que je t’ai dit (rires) ! (Ndr : et c’est le cas, aux dernières nouvelles, voir le blog Visual de Greg)
Vous avez de nombreux projets musicaux sur lesquels on reviendra ensuite mais cela pourrait vous restreindre dans votre démarche musicale finalement cette suractivité, comment vous gérez tout ça ?
Greg – On a quand même un univers plus ou moins défini dans lequel on essaie de ne pas trop se poser de limites, on sait quand même comment doit sonner Radius System puisqu’aujourd’hui, on serait capable de produire aisément une quinzaine de titres dans la veine d’ »Escape / Restart » car on a des éléments récurrents dans tout ce que l’on fait tout en se laissant une marge de progression.
Axel – Ce ne sont pas vraiment des limites, c’est juste que lorsque Greg sort un riff de guitare ou autre, on trie en se disant « tiens ça c’est plus pour Radius et ça plus pour Template ».
Greg – Sinon on travaille plus par période de deux-trois mois, on se limite à chaque projet.
Alors les lecteurs ne le savent peut-être pas mais vous êtes impliqués dans de nombreux projets musicaux à la fois, vous voulez en parler un peu ou c’est encore trop tôt pour évoquer le fait que vous allez bientôt faire la première partie de Johnny lors de sa tournée d’adieu ? Parce qu’on a pas mal de choix entre Radius System, Time To Burn, Dawnshape, Brighton ou encore Painting By Numbers… Vous voulez en parler un peu ?
Greg – (très enthousiaste) Ouais, ouais ! Concernant Painting by Numbers, on est tous les deux dedans mais y’a aussi Antoine de Dawnshape. L’idée est de faire autre chose qu’un groupe de rock, qui soit cool et fun, que tout le monde puisse l’écouter, à la manière de l’album « Battles » qui nous a énormément marqués parce que c’était cool, frais, complètement barré, expérimental, tout en étant en quelque sorte « pop ». Et là pour le coup, on est presque un groupe puisque tout le monde compose en même temps, on travaille à partir d’impros et on aimerait faire un peu de scène.
Axel – C’est vrai que même moi, j’étais pas habitué à travailler comme ça, avec Greg, c’est plus des réunions avec table et chaises de bureau (rires).
Si vous ne deviez garder qu’un projet musical d’ailleurs, ce serait lequel ?
Greg – Moi j’en choisis deux là, mais c’est vraiment une réponse sur le moment parce que je suis dans cet état d’esprit là, je ne veux froisser personne, les autres ne vont pas être contents sinon (rires)… ce serait Painting qui est super excitant et ça peut aller loin… Ensuite ce serait Template. Parce que c’est un projet que je veux faire depuis bien longtemps et que j’arrive enfin à peu près à faire ce que je veux, ce qui est assez excitant.
Axel – D’ailleurs, on a un autre projet en cours, qui est en fait une structure s’appelant Radius Lab, y’a une page sur Vimeo et bientôt sur Myspace, l’idée est de faire des vidéos, des clips, on en a fait un pour nous et on est en train d’en faire une pour Time to Burn. L’idée est de proposer ce service de clips à d’autres groupes et pourquoi pas à l’avenir, proposer aussi des vidéos utilisables en live parce que moi, c’est plutôt mon truc la vidéo. L’idée étant de créer un univers complet. Seul problème, les vidéos, ça demande beaucoup de temps et surtout des moyens. On devait faire un film reprenant l’ensemble des titres de « Escape / Restart« , on avait commencé, écrit le truc et tout mais ça prenait trop trop de temps pour nous deux. Faudrait que l’on y bosse à plein temps. Mais on refera des vidéos pour Radius, ça c’est certain.
Avant de finir, que diriez-vous à nos lecteurs pour les convaincre de jeter une oreille à cet EP gratuit toujours à disposition sur VisualMusic ?
Greg – Houlala… LA question… Si tu aimes les reprises improbables et les remixes barrés, écoute cet EP ! Et surtout, si tu aimes chialer sous la douche la nuit la lumière éteinte (rires)…
Axel – …Avec un polaire. (rires)
Pour conclure, aimeriez-vous communiquer à nos lecteurs la fin d’un film ou un rebondissement de série juste pour les pourrir et qu’ils se souviennent à jamais de vous en se disant « ha ouais, Radius System, ce sont ces enflures qui ont balancé la fin de tel film »…
Greg – (rires) Ce serait un film avec Christophe Lambert…
Axel – Ouais genre « Beowulf« , en fait, à la fin il s’en va et le château est en flammes !
Greg – Voilà une réponse pour un lectorat de choix (rires) !
Axel – On s’excuse au passage…
Greg – Ouais, faut voir la scène finale, vraiment, ça vaut le coup d’oeil… (rires)
Encore un grand merci à Greg et Axel pour leur disponibilité, leur incroyable patience et surtout pour la séance de psychothérapie que je n’ai pas retranscrite. En espérant avoir l’occasion un jour de les voir en live.