Interview ☭ Circa Survive

Samedi 21 Septembre, ça y est. J’ai rendez-vous avec Circa Survive mais j’avoue, j’espère secrètement rencontrer son frontman, l’excellentissime Anthony Green. Coup de bol, mon interview qui se fait à la Flèche d’Or se fera avec Brendan Ekstrom, l’un des guitaristes et Anthony. Le panard pour ce rendez-vous quasi-amoureux. On s’installe alors dans les canapés de la salle en toute décontraction avant le passage du groupe le soir même à 23h !

Tout d’abord, comment vous présenteriez-vous au public français ?
Anthony Green : Hum, je dirais au public français que nous sommes un groupe de rock psychédélique…

OK. Parce qu’il m’a toujours semblé difficile de définir la manière dont sonnait Circa Survive
Anthony : Ho tu sais, les gens nous posent sans arrêt cette question et pour moi, cette définition change tout le temps donc c’est un peu difficile d’y répondre..

Je sais que c’est votre première fois en Europe, comment se passe votre tournée jusque là ?
Anthony : Très bien ! Même si je n’ai pas dormi dans l’avion qui nous amenait ici car j’ai l’esprit un peu ailleurs, ma femme est enceinte et du coup, je ne peux pas oublier que d’une minute à l’autre, mon bébé peut naitre.

Ho donc tu va devenir un papa d’un instant à l’autre ! Félicitations ! (Finalement sa femme accouchera un mois plus tard !)
Anthony : Merci… Donc, j’avoue, je pense surtout à ça même si jusque là, le voyage a été très bon.

Et votre séjour à Paris ?
Anthony : Très bien aussi, je suis allé voir la tombe de Jim Morrison (ndr : le cimetière du Père Lachaise étant à quelques pas de la salle).

Brendan Ekstrom : On est aussi allés voir la Tour Eiffel, le Louvre, c’était très impressionnant… Par contre, il y a vraiment énormément de touristes à Paris, ça aussi c’est impressionnant !

Comment Circa Survive a pu finir sur un label comme Atlantic Records alors que vous étiez chez Equalvision avec qui tout semblait bien se passer…
Anthony : Nous avons rencontré plusieurs labels en fait, je ne dirais pas lesquels pour ne gêner personne mais Atlantic étaient les plus enthousiastes à propos de notre musique et de notre vision de la musique en tant qu’artistes donc… Nous nous sommes logiquement dits que c’était chez eux que nous devions aller travailler.

Et comment cela a-t-il affecté votre manière de travailler d’être chez une major ?
Anthony : Et bien maintenant, nous avons l’opportunité de venir en Europe plus souvent. Nous avons aussi eu l’occasion de bosser avec de grands producteurs (ndr : citons David Bottrill qui a bossé avec Tool, Muse ou encore Silverchair) et passer plus de temps sur l’enregistrement de l’album… Non vraiment, les plus gros bénéfices ont été le temps et l’argent. Et puis nous n’avons eu à faire aucune concession artistique ou de différent artistiquement de ce que nous sommes.

Brendan : Oui, vraiment, ils étaient aussi à fond que nous et ils se chargeaient essentiellement du management alors que jusque là, nous faisions ça quasiment nous-mêmes et ça, depuis des années. Et finalement être liés à un label c’est plus ou moins la même chose sauf que maintenant, on peut aller en Europe, partir plus loin et plus longtemps…

Parce que je me souviens d’une vieille interview d’Anthony où tu déclarais justement « Jamais chez une major !« 
Anthony : Oui, je me souviens avoir fait quelques interviews de ce type pendant la promo de « Juturna » parce qu’à l’époque, les groupes que je voyais signer chez des majors y allaient pour différentes raisons, tu vois… Ils n’avaient pas forcément fait leurs preuves et à l’époque, NOUS n’avions pas fait nos preuves… Mais en vieillissant, on change et l’industrie de la musique change aussi… Notamment les majors, leur conception globale de vendre des CDs a aussi changé. Nous y avons donc vu une opportunité de franchir le pas, de faire les choses à notre manière, de façon plus indépendante…

Brendan : Il faut dire que cela fait 5 – 6 ans qu‘Anthony a fait ce genre de déclarations et depuis les labels ont tellement changé tu sais… Certains ont une approche plus indé parce qu’ils sont obligés de faire certaines choses qu’ils n’auraient jamais fait avant pour vendre des CDs. Les gens n’achètent plus du tout la musique de la même manière.

Qu’est-ce qui vous inspire quand vous bossez sur un nouvel album ?
Anthony : Et bien justement, la manière dont le milieu musical a pu changer a inspiré pas mal de titres présents sur l’album. Je pense d’ailleurs que les paroles des morceaux que nous pouvons écrire, ne font que refléter ce qui peut se passer au même moment dans nos vies. Que ce soit nos relations, nos liens familiaux mais aussi les films que l’on a pu voir…

Une chose m’a surpris avec votre dernier album « Blue Sky Noise« , vous avez tout enregistré dans un endroit très calme, en pleine nature, appelé « The Creek House » mais votre son n’a jamais été aussi direct. Comment expliqueriez-vous ce paradoxe ?
Anthony : L’atmosphère déjà… Être dans la forêt donnait cette impression qu’il y avait un espace à remplir, plutôt qu’un lieu où il aurait fallu se faire une place comme dans un studio traditionnel.

Une autre chose m’a un peu surpris, vous bossez toujours avec Esao Andrews pour vos artworks jusque là alors que la plupart d’entre vous sont de vrais amateurs d’art, surtout que certains font même de la peinture. Aucun d’entre vous n’a jusque là eu l’envie de s’y essayer ?
Anthony : Ho, nous en avons parlé mais je pense que le mariage entre le son de Circa Survive et les visuels d’Esao donnent une très bonne combinaison et je ne voudrais pas rompre ça si ce n’est pour quelque chose de vraiment exceptionnel…

Brendan : Mais en même temps, bosser directement pour son groupe sur ce sujet serait problématique parce que si l’un d’entre nous s’en chargeait, tout le monde voudrait faire plaisir à celui qui en serait l’auteur et au final, nous aurions beaucoup plus d’hésitation à le dire si nous n’aimions pas, parce que nous ne voudrions blesser personne. C’est plus facile de travailler là-dessus en étant en dehors du groupe et nous aimons beaucoup voir comment d’autres personnes peuvent dépeindre le groupe. Ce que la musique peut représenter elle-même, surtout avec un artiste aussi incroyable qu’Esao

Anthony : Il a forcément plus de recul que nous de ce point de vue-là.

Alors maintenant que vous êtes chez une major et même si beaucoup annonçaient que votre album « Juturna » était un concept album inspiré du film « Eternal Sunshine Of The Spotless Mind« , ce qui n’est pas tout à fait vrai, quand pensez-vous que Michel Gondry réalisera un de vos clips ?
Anthony : (Rires) Je ne peux que souhaiter que cela arrive tôt ou tard. Je ne peux te dire à quel point ce serait cool. Ce serait comme un rêve qui deviendrait réalité.

On peut peut-être l’appeler tu sais, de français à français, peut-être que cela aidera.
Anthony : (ironique) Ho tu peux l’appeler ? Il est ici, c’est ça ? Allons même chez lui après l’interview, pour lui donner l’album…

Sinon alors, de quoi êtes-vous les plus fiers jusque-là ?
Anthony : C’est le fait d’être encore ensemble à faire de la musique.

C’est vrai que dans les différentes interviews que vous avez pu donner outre-Atlantique, on ressent une réelle amitié entre vous et on le ressent quasiment dans vos albums.
Brendan : Et ça, c’est super pour nous !

D’ailleurs, certains membres ont collaboré à l’écriture pour la première fois, pensez-vous réitérer à l’avenir ?
Anthony : Ho, tu sais, je pense tout le monde dans le groupe participe à l’écriture en fait. Tant que Circa continuera, je pense que la collaboration sur l’écriture se développera de plus en plus. Il nous aura fallu deux albums pour mettre ça en place, écrire des mélodies, les paroles, différentes parties de notre musique ensemble… Je pense que l’on va explorer ça de plus en plus…

Comment voyez-vous le futur ? Même si je sais que c’est une question un peu conne et à laquelle il peut être difficile de répondre…
Anthony : Je le vois… Incertain. J’espère juste que l’on pourra continuer à faire tout ça, que l’on pourra repousser nos limites ensemble et rester ensemble aussi longtemps que possible.

Et sinon, avez-vous d’autres collaborations en vue après celle de Sound Of Animals Fighting par exemple ?
Anthony : Non, la seule chose que j’ai en tête, c’est Circa Survive.

Et pour ce qui est des autres membres ?
Anthony: Je pense que tous ont les capacités de faire de nombreuses choses, comme Colin qui peint depuis des années ou Steve qui bosse de temps en temps avec d’autres groupes mais encore une fois, chacun est concentré sur Circa

En plus tu seras bientôt papa dont ça aussi c’est un sacré side project…
Anthony : Oui, même si je pense aussi que je sortirai un peu plus d’albums solos parce que je n’aime pas rester inoccupé.

Alors la question un peu piège, ton avis sur Saosin ? (ndr : groupe avec lequel Anthony a démarré avant de les lâcher car ne s’y sentant pas suffisamment bien alors que le groupe venait de signer avec une major.)
Anthony : Tu sais quand ils ont signé chez un label, ils étaient à quelques semaines de tourner et donc… de devenir un groupe à part entière alors que nous ne nous connaissions pas si bien… Á l’inverse, Circa a dû sortir deux albums avant de signer chez une major et de savoir, vraiment, quel type de relations nous souhaitions avec une major… Donc bon, on n’a pas vraiment suivi la même trajectoire et puis en fait, j’ai pas grand chose à dire à ce propos, tu vois…

Personnellement, je trouve ça assez ironique d’avoir décliné cette voie un peu « facile » quand on voit le résultat au final…
Anthony : Et bien disons que l’on a fait le pari du long terme avec Circa.

Surtout après qu’ils aient décidé de remplacer Cove Rebber qui était déjà là pour te remplacer au chant.
Anthony : Oui, Cove est un super chanteur, il apportait pas mal à la formation et je ne sais pas ce qu’ils vont faire maintenant qu’ils n’ont plus de chanteur, de label…

Quel est votre ressenti concernant la relation entre la musique et internet ?
Anthony: J’avoue que ça n’a jamais été important pour moi, comme les ventes de disques, je trouve ça plus important de permettre à un maximum de monde d’écouter notre musique. J’estime donc que c’est une bonne chose.

Bonne chose ou pas, grâce à ça, je sais qu’un des membres du groupe avait balancé une photo de toi assis aux toilettes via Facebook ou Twitter, qui a fait ça ?
Anthony : (rires) Vraiment ?

Oui, tu avais les cheveux plus longs par contre…
Anthony : Ça vient peut-être d’une vidéo que l’on a tournée dans les douches (!) En fait, il y a eu tellement de photos prises de moi sur les toilettes que c’est difficile de te répondre (rires) !

Maintenant, c’est l’heure fatidique, l’heure de la question VisualMusic, alors, coke ou putes ?
Anthony: Putes !

Pourquoi ?
Anthony : Ho, je n’ai jamais trop été attiré par la coke ! (rires)

Et bien merci à vous pour cette interview que j’attendais de longue date !
Anthony : Et bien c’est nous qui te remercions.
Et là, Anthony m’offre un bon hug, preuve que ce soir, je ne rentrerai pas seul.

D’ailleurs, j’en profite pour saluer l’extrême disponibilité du groupe et surtout de son leader tout au long de cette soirée, celui-ci n’hésitera pas à poser en photo avec les fans venus voir le groupe en live. Il n’hésitera pas non plus à résister aux quelques nanas en manque de star sextem prêtes à se jeter dans ses draps (m’avouant au passage que sa femme serait vraiment furax en voyant ça). Le groupe assurera le soir même une prestation de haute volée avec un Anthony plein d’énergie dans une salle chauffée à blanc (de façon figurée et littérale). Le public répondra présent face à un groupe qui aura semblé savourer à 200% sa venue en Europe. Preuve en est encore à la fin du set après lequel Anthony dansera avec quelques fans et qui n’hésitera pas à me remercier très chaleureusement de ma venue (viens là que je te hug encore tiens), rendez-vous est donc pris pour nous revoir lors de la prochaine venue en France. On n’y manquera pas, c’est certain. Je suis trop amoureux désormais.

Je tiens à remercier Alexandre de la Flèche d’Or, Tara de 7-10Music, [team]Virginie[/team], Amael, Romain, la très sympathique Mylène, mon enfant d’un soir [team]Justme[/team] pour les photos de mon étreinte amoureuse, ma chérie pour m’avoir laissé la tromper sous ses yeux avec Anthony et bien sûr, le groupe !