L’avantage quand on partage des rails de coke avec nos amis du showbiz, c’est qu’on entend parler de certains trucs avant la plèbe (oui, vous nos lecteurs qu’on aime pourtant d’amour).
Du coup, les confrères de chez Metalorgie qui sont des métalleux barbus et habillés en noir (comme ça qu’on les reconnait) ont plutôt dû partager une bière (la rudesse du milieu) et apprendre par ce biais que Nine Inch Nails allait ajouter une nouvelle date de concert le 1er Juin au Zénith de Toulouse.
[i]“Ce soir, je viens de chanter pour la dernière fois sous le nom de Fauve. Ce nom d’artiste n’est plus le mien. Le jeu s’achève, poker menteur.
Le deuil n’est pas facile à faire. Depuis deux ans, je vis avec cette douleur. La découverte, d’abord, au hasard du web, d’une vidéo d’un Fauve qui n’est pas moi. Contact par Facebook, début de discussion. Je tente de leur faire comprendre la situation: depuis 2004, j’ai publié 3 albums de pop anglophone sous ce nom, sur un label indépendant. J’ai donné de nombreux concerts, en Suisse et en France, ai eu les louanges de la presse spécialisée (dont Les Inrocks) et de nombreux musiciens. Bien sûr, mes ventes de disques se comptent en milliers d’exemplaires, pas en millions. Succès trop confidentiel pour inspirer le respect.
Malgré mes demandes répétées, alors qu’il n’existe encore que par deux vidéos, le collectif français ne voit pas la nécessité de changer de nom. Et tandis que son succès va croissant, la confusion que je redoutais s’installe. Des chroniqueurs confondent l’un et l’autre. Dans la rue, des gens m’arrêtent pour me féliciter, croyant reconnaître l’auteur invisible de “Kané” ou de “Nuits fauves”. Je passe sur la souffrance quotidienne de voir grandir le phénomène, l’humiliation de se voir proposer de faire leur première partie, “parce que Fauve et Fauve, ça serait rigolo”.
Au delà de ce que je vis comme une dépossession profonde, je m’interroge. Un nom d’artiste, unique et précieux, est-il aujourd’hui soumis au régime du libéralisme le plus sauvage, à la loi du plus fort? Qui n’a pas les moyens d’engager des démarches juridiques peut-il se faire voler ce nom avec lequel il vit depuis dix ans, ce nom qui devient prénom à force d’être assimilé à soi? Oui, Fauve ≠ a tué Fauve. Ma musique vivra, ailleurs, sous un autre nom. Il y a du sang, sur la pochette de leur album. Ne cherchez pas plus loin”
Nicolas Julliard, ex-Fauve.[/i]