Il faut bien l’avouer, on a passé l’an dernier quelques mois à se demander si l’expérience vécue dans le cratère de la Chouette Noire n’était pas un simple rêve embrumé. Mais quand est arrivée la mi-août, l’appel du psych s’est fait trop fort. On a dépoussiéré la carte manuscrite et tenté de relire les notes fiévreuses griffonnées dans un état extatique pour tenter de retrouver le chemin de la montagne sacrée.
Après maintes pérégrinations entre les pins noirs elle se dressait enfin devant nous, majestueuse et hallucinée. L’odeur de Saint-Nectaire qui s’en dégageait ne laissait plus aucun doute, on avait atteint la neuvième édition des Volcano Sessions.
Wempusa
C’était un concert qu’on attendait avec impatience, malheureusement la vie a fait qu’on était incapables d’arriver dans le volcan avant la fin du set. On avait vraiment envie d’y être, mais on va dire qu’on a l’excuse la plus goth du monde. Allez écouter leur EP « Hæresis » sorti l’an dernier et retenez leur nom, on a là un projet à surveiller.
Tense of Fools
Quatre chemises plus ou moins fleuries, un kimono et un bleu de travail. Pas de doutes, on ne s’est pas trompés de cratère. Musicalement ont est aussi parfaitement paysés, avec un psyché tout doux qui n’oublie pas de proggiser pour nous maintenir intellectuellement stimulés. Il est aidé pour cela par un clavier versatile et un saxo dépressif.
« On est un peu là pour sa thérapie ce soir. »
Nous explique le chanteur, avant de nous promettre qu’il sautera dans la lac à la fin de la dernière chanson. On est alors tiraillés par le désir brûlant de voir la connerie, parce que c’est vrai, le lac il est là ! C’est le rock ou c’est pas le rock ? Mais la voix de la raison espère qu’il renoncera, pour éviter à l’orga de se faire engueuler par la municipalité.
Il l’a pas fait. Le rock est mort mais on aura peut-être des Volcano Sessions Volume 10 l’an prochain.
Occult Hand Order
C’est Occult Hand Order qui nous conduit du crépuscule à la nuit. On compte dans ce trio un guitariste astucieux qui a monté son pedalboard sur une table pour éviter de se niquer le dos, un bassiste chanteur aussi velu que rugueux et le batteur le plus heureux du monde.
Le chemin qu’ils empruntent est sinueux et se permet quelques virages psyché ou expérimentaux, pour mieux revenir sur de gros riffs doom à l’efficacité prouvée. Côté public ça observe attentivement, pour mieux abattre son crâne sur le sol quand arrivent les phases lourdes.
« La prochaine c’est un nouveau morceau, à tout moment ça peut faire effondrer la falaise. »
Les orgues ont vibré et on a pu apercevoir un bel éboulis, mais tout est heureusement resté en place. Vu le cataclysme qui se préparait avec les headliners du soir, le cratère avait besoin d’être ménagé.
Publié par @f00freeVoir dans Threads
Monkey3
De tout le week end, Monkey3 est le seul groupe qui a eu le courage de porter sa batterie jusqu’à la scène. Tous les autres sans exception ont profité du kit Decasia gracieusement mis à disposition.
En arrivant sur le ponton, le guitariste Boris prend un moment pour admirer le paysage, puis se retourne vers le public, comme abasourdi par la splendeur des lieux. Cette année le cratère est éclairé par plusieurs projecteurs, ce qui permet de continuer à l’admirer une fois la nuit tombée. Les ombres qui se détachent des arbres donnent à l’ensemble des airs de décor de théâtre, ajoutant encore au côté irréel de ce festival.
Assis au second rang, William Shakespeare s’exclame : “All the Volcano Sessions’ a stage, and Monkey3 merely players!” Certes, mais qu’est-ce qu’ils jouent bien. La pièce qu’ils nous interprètent nous emmène très loin et nous fait passer par toutes les émotions. Depuis la sleeping-karmienne « Jack » et sa profondeur méditative où la basse mène la marche, jusqu’aux titres plus aventureux avec un « Icarus » dont la guitare nous propulse vers les cieux.
On a bien trouvé quelques esprits chagrins pour dire que le guitar hero guitarheroisait un peu trop, mais ce soir nos oreilles étaient fermées à toutes les critiques. « Le songe de cette nuit d’été était bien trop beau » comme en a conclu William. Monkey3 sera en tournée partout en France cet hiver alors on vous conseille vivement de vous rendre à la date la plus proche de chez vous. Il n’y en a aucune dans un volcan mais on vous garantie que ce sera quand même exceptionnel.
Ufomammut
Les trois italiens arrivent discrètement et pourtant chacun de leurs pas fait vibrer le sol. Après un « Fenice » plus en retrait, le Mammut a retrouvé la pesanteur qu’on lui connait avec un « Hidden » tonitruant. L’étude du mammouth est éminemment subjective, mais on tient probablement là pour votre serviteur leur meilleur album depuis « Oro: Opus Alter ».
Et on a été servis. Le groupe attaque avec le titre d’ouverture « Crookhead » et d’emblée le son est massif, rocailleux mais néanmoins propre. Ufomammut c’est toujours une expérience, peu importe la salle, mais voir leur puissance tellurique exploser au cœur d’un volcan, c’est au-delà des mots.
Arrivé lors de la reformation en 2021, le batteur Levre est à présent entièrement intégré au groupe. Ufomammut est redevenu cette machine de guerre hyper organique dont les trois membres ne font qu’un. La surface du lac avait déjà commencé à s’agiter mais quand débute « Kismet » une onde éclabousse le public fasciné qui voit surgir des eaux une cascade inversée s’écoulant vers le ciel. Loin de la douleur, les esprits tombent vers le haut de la falaise. Et on aurait pu partir très loin si les sorciers n’avaient pas invoqué en conclusion le serpent vorace « Oroborus » qui remonte le courant pour mieux engloutir l’aberrant geyser.
Le public reste béat, aussi trempé que sourd. Les trois compères échangent alors un regard entendu et viennent serrer les mains des premiers rangs, signe que le ramonage de cerveaux a bien été proprement exécuté.
Publié par @f00freeVoir dans Threads