Formé en 2019, Yard Act est l’un des plus grands succès des années post-COVID. Passé au travers de la pandémie avec malice, ils ont collectionné les dates sold-out, les apparitions réussies en festival et même un featuring avec Elton John réclamé par l’homme à lunettes lui-même. Leur talent, leur bonhommie évidente et leur excellent premier album les amènent donc aujourd’hui à balancer la suite.
‘An Illusion‘ et son rythme aquatique mid-tempo risque d’en décontenancer plus d’un. Orchestral et choral sur sa fin, c’est un titre à plusieurs vies dont les tiroirs s’ouvrent sans prévenir. Il en dit long sur le contenu inattendu et imprévisible qui nous attendent pendant les 43 prochaines minutes. L’ordre de sa tracklist pourra d’ailleurs sûrement desservir avec la chaotique ‘Down by the Stream‘, pouvant clairement nous faire penser que la bande est là pour s’amuser et aussi pour nous troller. A l’inverse de The Overload qui pouvait s’écrouler dans sa deuxième moitié, Where’s My Utopia embarque son équipage au fil des titres et ‘The Undertow‘ prend les aspects de sommet d’une montagne pouvant parfois être pénible à grimper qui aura l’avantage de nous faire apprécier la suite de la ballade.
Empruntant autant à Gorillaz, Pulp qu’à Phoenix, Beck ou aux Beastie Boys, Where’s My Utopia est un ride de montagnes russes où les montées sont aussi fun que les descentes, où l’euphorie est quasi constante et qui suscite l’envie d’y remonter illico. Comme les grands sportifs, Yard Act fait sonner ce disque comme une cour de récré jouée dans la facilité. Comme si ce flow faussement désintéressé, ses paroles remplies d’autodérision et ses mélodies à la cool s’écrivaient toutes seules. Sacré exercice d’équilibristes, la suite de leurs aventures s’écrit dans la surprise mais rappelle que le groupe s’est aussi construit dès le départ dans le contre-pied et le fun. Des amuseurs publics bien plus malins et tortueux qu’il n’y paraît.