Zeal & Ardor arrive à Paris en fin de tournée européenne pour un passage complet à l’Elysée Montmartre. Vu au Hellfest et en première partie de Meshuggah, le quatuor continue son ride annuel en trombe.
Amputés de deux membres en charge des choeurs pour cause de maladie, le groupe évite l’annulation et balance les chœurs en playback. Un mal pour un bien car on voit mal les compos garder leur ampleur sans eux. Installés devant les lights en forme du logo du groupe, Z&A est solidement installé sur ses appuis. Chacun dispose d’un espace bien délimité pour aller voir son collègue voisin, brandir son manche vers le public ou faire un tour sur soi-même. On s’étonne du batteur qui ne semble jamais s’employer pour délivrer cette partition carré et au coffre imposant. Au milieu de tout ça, Manuel Gagneux. Un pied de micro équipé de deux micros, sa guitare et son gilet capuche enfilé sur la tête pour démarrer le show.
Natif de Suisse, il peut nous parler en français dans le texte même si il annonce vite être limité dans l’exercice. Pas besoin de paroles, il a l’air d’être heureux d’être là et salue la salle, toute l’équipe. Il s’autorise quelques moments de blocages bien significatifs du kiff ressenti en regardant le public. C’est son projet et sa performance à la voix est impeccable. Passée la vanne de la ressemblance indéniable avec Fabrice Eboué, on n’est clairement pas là pour rigoler. Si le dernier album occupe une partie de la setlist avec 9 morceaux joués, c’est open bar dans la discographie du groupe et au vu des réactions dans la fosse, c’est tant mieux. Un public de fins connoisseurs chantant les paroles, agitant la tête sévèrement quitte à balancer ces cheveux à la tête de ton serviteur. Heureusement, ils étaient propres.
Violent et bon enfant, bluffant dans la presta, force tranquille dans l’attitude, les Zeal & Ardor savent exactement ce qu’ils font et gèrent leur concert en plaçant l’intensité où il faut sans trop dérouler. Les morceaux qui nous font vriller comme ‘I Caught You‘, ‘Church Burns‘, ‘Götterdämmerung‘, ‘Feed The Machine‘ ont été disséminées dans la setlist au lieu d’être enchaînés et on remarque le boulot effectué sur la cohérence entre les disques pour éviter les trous d’airs devant un public là pour se mettre un coup derrière la nuque. Sans oublier les moments plus calmes bien placés comme ‘Golden Liar‘ ou ‘At The Seams‘. 21 morceaux, un rappel de deux titres, les tubes que l’on attendait et la potentielle crainte de voir un projet bien produit difficile à rendre sur scène est totalement envolée.